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Rêveries d’un pétitionnaire solitaire

Posted By Gilles Francfort On 13 janvier 2009 @ 16:46 In Société, Universités | Comments Disabled

Pétition, courrier, contre-courrier… 

L’universitaire se regarde dans le miroir: Alice a disparu.  Dans ce mauvais Feydeau, le voilà trompeur et trompé. Serviteur contraint mais complaisant d’une machine à fabriquer du rien, il participe peu ou prou aux réformes successives qui, étant parties de nulle part, y retournent allégrement. Ainsi défilent à l’ombre  de son inconséquence licences, maîtrises, mastères aux noms titillants. Ainsi défilent les vagues successives de futurs postiers décorés de leurs colifichets universitaires si laborieusement acquis. Au théâtre de la Fraternité, ces Jourdains de l’enveloppe ne sont que des trompés, et lui le sait bien…

Et, au fil du temps, ce même universitaire voit bien ses atours s’élimer. Ombre d’un passé qu’il sait bien plus glorieux, en dépit de ténus remugles vichyssois, il contemple avec une anxiété croissante son pécule maigrissant. Lui, ravalé au rang du über-proletariat, alors qu’il était si doux de pouvoir se compter parmi les maîtres, tout en clamant avec une véhémence Cohn-Benditienne son refus d’en être !  Dorian Gray se met à vieillir, certes plus lentement, pour l’instant encore, que son portrait.

L’universitaire n’ira pas dans la rue comme le vulgaire cheminot pour mendier trois écus. Quand père et mère sont nantis, ils ont freiné sa déchéance en lui offrant l’incontournable logis haussmannien. A défaut, l’alternative est inexorable: il partagera son existence avec le cheminot dans une banlieue non divisible par trois, ou bien, Columbus sans panache, il dirigera ses pas vers le soleil couchant, et posera sa besace, au gré des pythies académiques, entre la Bretagne et la Californie…

Et puis, comble de l’exaspération, une espèce universitaire mutante se multiplie. D’origine incertaine, elle n’a que faire de son reflet ; peut-être ne sait-elle pas ce qu’est un miroir. Immiscée dans les fentes universitaires, elle enfle.  Cheminot(e?) sans état d’âme, elle se gausse du désarroi de ses collègues schizophrènes, et s’installe confortablement dans des habits de contremaître. La Poste, la SNCF, l’Université, même combat. 

Alors pétitionner ou ne pas pétitionner ? Je déteste la SNCF et les contremaîtres. Je n’aime pas beaucoup la Poste et les postiers.  Par contre, j’aime les beaux habits et les appartements haussmanniens. Universitaire narcissique, je  pense mériter les deux avec juste mesure. Que dois-je en conclure, suis-je pour ou suis-je contre? 

 

And if “this is the end, my friend”, then who truly cares ?…

 


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