Archive for novembre, 2011

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Sortir la gauche universitaire du formol (1)

PROLOGUE

Alors que se dessine la possibilité d’un changement politique en 2012, on peut rester perplexe sur la façon dont ce changement pourrait se traduire dans l’enseignement supérieur et la recherche. En effet, là-dessus, le programme officiel du PS est assez général dans ses bonnes intentions et plutôt flou sur les questions les plus sensibles. Vincent Peillon, chargé de ce secteur dans l’équipe de François Hollande, interviewé dans Le Monde du 22 novembre, est peu bavard sur le sujet.

Qu’il s’agisse de l’équilibre du pilotage de la recherche entre les organismes, les agences et les universités, de l’avenir de la LRU, de la gouvernance des universités, du financement de celles-ci, des aides étudiantes, des statuts des personnels…, on reste sur sa faim. Or tout le monde à gauche ne s’accorde pas là dessus - c’est le moins qu’on puisse dire. Pour certains il s’agirait seulement de gommer les réformes de ces dernières années pour revenir à l’ordre ancien, implicitement paré de toutes les vertus. Pour les autres, quelle que soit la sévérité des critiques faites à ces réformes ambigües (où les options libérales coexistent avec des pratiques « néo-colbertistes »), il s’agirait plutôt de mettre à profit la remise en cause de facto du système, pour promouvoir des solutions nouvelles qui n’hésitent pas à bousculer quelques « tabous ». Les débats risquent d’être vifs. La proposition d’organiser plus tard des « assises de l’enseignement supérieur et de la recherche » revient à botter en touche. N’attendons pas pour parler des « sujets qui fâchent ».

LE  FINANCEMENT PAR LES BENEFICIAIRES

Parmi les divers « tabous », je voudrais commencer par rediscuter ici celui du financement des universités et des écoles par les bénéficiaires de la formation supérieure, qui est sans doute le sujet le plus brûlant. D’autant plus brûlant que l’on entre dans une période où le recours aux finances publiques va devenir problématique. Or la France ne dépense que 1,3% de son PIB pour l’enseignement supérieur, en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE (1,5%) et loin derrière les Etats-Unis (3%). La dépense par étudiant d’université est de 9.000 euros contre plus de 15.000 pour un élève de grande école[1], et 36.000 euros en moyenne pour un étudiant américain. Le taux d’encadrement est d’un enseignant pour 20 étudiants, soit l’un des plus faibles des pays de l’OCDE. Où va-t-on prendre l’argent ? Surtout si l’on veut passer en dix ans de 25% à 50% de diplômés au niveau licence dans une classe d’âge, en luttant contre l’échec en premier cycle et en augmentant substantiellement les aides aux étudiants[2]. Et ceci alors que la priorité du gouvernement serait, par ailleurs, de recréer 60.000 emplois dans l’enseignement secondaire ! Pour rester dans l’enseignement supérieur et la recherche, l’engagement de financer les « investissements d’avenir », qui ne sera pas remis en cause, va quasi-automatiquement réduire d’autant les crédits ordinaires accordés aux universités qui ne figureront pas parmi les happy few.

Aucune transformation de l’enseignement supérieur n’est possible sans une injection massive de moyens[3]. Or il est illusoire de penser qu’on va pouvoir tout fonder sur le financement public et l’impôt. Il faudra demander une contribution aux bénéficiaires. Je renvoie à l’article « Universités : qui doit payer ? » pour une analyse de cette question délicate et complexe. Je veux seulement la replacer dans l’actualité politique française.

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