Archive for octobre, 2016

Imprimer cet article Imprimer cet article

A propos de l’éjection de Paris 13 de l’université Sorbonne-Paris-Cité (USPC)

Le contexte

L’université française offre un spectacle de désolation structurelle. Après avoir vécu sur le mythe de l’université « une et indivisible », elle prétend entrer dans l’âge de l’autonomie à l’image de beaucoup de pays développés, mais elle n’arrive pas à sortir d’un « joyeux bordel » bureaucratique, comme l’illustrent les 3 articles précédents. On prétend tenir un discours universel à destination d’un monde très différencié et hétérogène. Ainsi, par exemple, c’est un paradoxe de défendre mordicus le principe de la non-sélection alors que la moitié des étudiants prennent une voie sélective dès le départ (prépas, BTS, IUT, écoles de commerce, écoles d’ingénieurs post-bac, bi-licences, IEP, écoles d’arts, de journalisme, d’architecture, de paramédical,…). Il faut sans doute se féliciter qu’on s’achemine vers une loi prévoyant une sélection pour tous les masters. Mais si le ministère le fait, c’est contraint et forcé par une décision judiciaire qui interdit le maintien de la situation actuelle (sélection entre le M1 et le M2), et non point dans le cadre d’une politique audacieuse.

Il y avait, par ailleurs, le souci de restructurer l’organisation des universités, dont nous avons déjà souvent parlé ici. En dehors des situations où la géographie régionale poussait naturellement à des regroupements, on est souvent aujourd’hui dans des situations compliquées. On parle de fusion comme s’il s’agissait d’une modalité entre autres, alors que ceci remet profondément en question les principes de gouvernance des universités, tels que prévus par la loi.  Ainsi le refus d’accorder de façon définitive à USPC l’Idex dont elle était porteur, se fonde sur l’exigence d’une fusion, ce qui est tout de même d’une autre nature qu’un Idex, sauf à jouer sur les mots.

Aujourd’hui, pour espérer récupérer l’argent perdu de l’Idex, certains souhaitent modifier la composition de la Communauté USPC. On voit donc une exigence financière d’importance tout de même limitée rejaillir sur la question de fond de la composition du regroupement, ce qui n’avait jamais été évoqué lors de sa constitution. On est donc en droit de se demander quelle est la logique profonde des regroupements.

L’éjection programmée de Paris 13

Pour sortir des abstractions, on peut se pencher sur le cas concret évoqué plus haut. Comme l’on sait, USPC est principalement constitué de 4 universités : Université Sorbonne Nouvelle (Paris 3), Université Paris Descartes (Paris 5), Université Paris Diderot (Paris 7), Université Paris-Nord (Paris 13). Aujourd’hui, dans la perspective hautement problématique que USPC récupère son Idex perdu, le président de Paris 5, Frédéric Dardel, explique son refus d’une fusion avec Paris13[1]. Résumons ses arguments :

- « La fusion est une opération compliquée, compte tenu du peu de temps que nous avons pour repasser devant le jury Idex ».

- « Il y a avec Paris 13 une différence de culture et d’identité qui se traduit dans les stratégies d’établissements». Paris 5 a une grande faculté de médecine avec de nombreux centres de recherche, tandis que « Paris 13 défend une intégration dans le territoire et un accompagnement de la population de Seine Saint-Denis, et développe peu de recherche ».

Commentaire : Paris 5 est avant tout une grande faculté de médecine et biologie, mais dans d’autres domaines disciplinaires ses pôles de recherche ne sont pas exceptionnels et certains sont même nettement surclassés par ceux de Paris 13, comme en mathématiques[2], en communication, en économie…

- « L’intégration de Paris 13 dans le projet de fusion augmente les recouvrements disciplinaires avec les 3 autres universités »

- « Une fusion à 4 universités augmenterait la complexité économique du projet »

Commentaire : Sur ces deux derniers points, n’était-ce pas évident depuis le début ? Ce n’est pas là une raison convaincante pour se débarrasser de Paris 13.

lire la suite…



IPSCounter Add-On for Google Sitebar