Author Archive for Bernard Belloc

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Commentaire

On trouvera ici un commentaire de l’article « Les communautés d’université : des « systèmes » à la française ? ». Ce commentaire est proposé par Bernard Belloc, Président honoraire de l’Université de Toulouse 1 Capitole, Ancien conseiller enseignement supérieur recherche à la Présidence de la République. Il est publié sous sa responsabilité. 

Dans le désert sibérien du débat actuel sur l’université en France, ce papier est le bienvenu. Je ne partage pas, loin s’en faut, toutes les positions de JFM, ce qui ne le surprendra pas, mais ses analyses sont de remarquables contributions au débat. Sous un gouvernement de gauche nous assistons actuellement à une triple régression: régression budgétaire tout d’abord, qui va à nouveau nous faire reculer en terme de dépense par étudiant en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE, difficilement atteinte en 2012, régression sur le plan de l’autonomie, car l’Etat a désormais repris tout le contrôle du pilotage  de ses universités après les sans doute trop timides avancées de la LRU, et, plus triste, régression intellectuelle car aucune idée nouvelle ne semble être mise sur la table par des universitaires français partagés entre un individualisme forcené et un appel pathétique à la protection de l’Etat, dérisoire dans un monde devenu global. Même l’Etat chinois est en train de lancer une profonde réflexion sur l’autonomie qu’il convient désormais d’accorder à ses universités dans un monde devenu global, alors que l’autonomie des universités chinoises est de facto déjà largement plus grande que celle des universités françaises !

Je retiens d’abord du papier de JFM une excellente définition de la démocratie universitaire recadrant bien les choses: la démocratie universitaire c’est le degré de liberté laissé aux universitaires et pas le pouvoir de la base sur le sommet. La démocratie n’a rien à faire à l’université s’il s’agit de donner le pouvoir à la communauté universitaire. Les universités ne lui appartiennent pas et les collègues qui en appellent à tout bout de champ à la démocratie universitaire pour justifier le pilotage des universités par les universitaires devraient prendre le temps de la réflexion. Ils se rendraient compte que cela ne peut que conduire par réaction au renforcement du pilotage des universités par l’Etat, seul vrai propriétaire des universités au nom de la société civile qu’il représente dans un régime politique général de démocratie représentative. J’ai un grand regret qu’on n’ait pu imposer dans la loi LRU des conseils d’administration composés de membres externes à la communauté universitaire, ainsi que de vrais sénats académiques, non exécutifs mais représentants les universitaires. Trop novateur alors, dans un monde français trop figé. La situation actuelle n’est pas non plus tenable, avec deux instances dirigeantes élues créant une double légitimité au mieux paralysante pour les universités. On ne pouvait mieux s’y prendre pour affaiblir les universités et redonner complètement la main à l’Etat. Mais bon, peut-être que de petits pas en petits pas, les choses évolueront vers une situation acceptable en ce qui concerne la gouvernance des universités françaises et de leur autonomie.

Le trait le plus important de la loi mise en œuvre actuellement semble être la mise en place de regroupements d’universités, les COMUE, qui peuvent prendre différentes formes. Il y a quelques années j’avais décrit, dans un ouvrage paru aux PUF, deux des principaux systèmes public américains, le système californien et le système du Wisconsin. Les deux me semblaient en effet constituer une bonne base pour imaginer un cadre d’évolution pour le système français, même s’ils ne peuvent résumer à eux seuls la très grande diversité des systèmes publics américains, soulignée à juste titre par JFM.

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