Archive for janvier, 2009

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L’avenir du Conseil national des universités

La nouvelle loi sur l’autonomie des universités (LRU) semblait sonner le glas, à terme, d’une institution qui avait dominé les carrières des enseignants chercheurs pendant de longues années : le Conseil National des Universités (CNU). Certes on lui conservait la fonction de qualification des candidats aux fonctions de professeurs et de maîtres de conférences, mais les dispositions de la loi qui faisaient redescendre au niveau des universités toutes les promotions, et qui donnaient aux conseils d’administration et aux présidents toute latitude pour gérer les ressources humaines, semblaient disqualifier à terme le CNU. Ce conseil paraissait, en effet, intimement lié à la gestion des enseignants-chercheurs dans le système de pilotage centralisé des universités qui prévalait jusqu’alors et que la LRU entendait remplacer. Mais les défauts de la gouvernance mise en place par la LRU suscitent méfiances et oppositions dans la communauté universitaire qui redoute de voir tous les aspects de la carrière des enseignants chercheurs (recrutements, promotions, modulation de services, primes…) soumises à l’arbitraire d’un pouvoir présidentiel renforcé et sans garde-fous - la question des promotions étant la plus brûlante.

Le discours prononcé le 15 janvier 2009 par la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche devant l’assemblée des présidents et vice-présidents de sections du CNU, ainsi que le débat qui a suivi[1], marquent un changement de ton et de stratégie vis-à-vis de la contestation universitaire. Certes les mesures annoncées restent limitées et incomplètes, et il n’est pas du tout sûr que cela suffise à calmer les esprits. Cependant, pour la première fois, le ministère prend sérieusement en compte les objections de fond faites à un aspect essentiel de la réforme et la tension qu’elle introduit entre le statut de fonctionnaire d’Etat[2] des enseignants-chercheurs et la gestion de leurs carrières à l’échelon local.

Certains ne se privent pas d’en conclure : « la ministre est aux abois, profitons-en pour aller plus loin et pour réclamer l’abandon de toute la réforme ». Nous n’entrerons pas dans ce débat ici, n’étant pas partisan de la stratégie du tout ou rien. Nous nous contenterons de souligner que, pour la première fois, s’est ouvert un espace de négociation, dans un esprit de compromis.

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Le débat sur la réforme du statut des universitaires


Le projet de modification du décret du 6 juin 1984 sur le statut particulier des professeurs et maîtres de conférences suscite de vives oppositions et fait couler beaucoup d’encre. Mais les textes et pétitions que l’on voit circuler ont souvent le défaut d’être approximatifs ou arbitrairement politiques. Or dans la situation instable que nous connaissons à l’université, il convient d’être aussi rigoureux et intelligent que possible, quels que soient les points de vue défendus.

C’est pourquoi beaucoup ont lu avec intérêt la note écrite pour QSF par Olivier Beaud[1], professeur à Paris 2. Rédigée avec précision et rigueur, développant une argumentation juridique intéressante, la première partie de ce texte montre bien la tension, voire les contradictions, qui existent entre le statut de fonctionnaire des universitaires et l’autonomie des universités telle qu’elle est déclinée par le projet de décret. La seconde partie du texte développe une conception de l’enseignant chercheur qu’on pourrait qualifier sans agressivité excessive de « réactionnaire » et qui force le lecteur à préciser sa propre position pour ce qui est du rôle et des missions des universitaires aujourd’hui.

C’est pourquoi on lira avec un intérêt complémentaire la critique qu’en a faite Claire Oger[2], maître de conférences à Paris 13. Son analyse interroge : “Comment penser que cette conception strictement académique, qui s’appuie sur la nostalgie d’une université depuis longtemps disparue, qui fait l’impasse sur les exigences de gestion collective de l’enseignement comme de la recherche (et d’ailleurs l’impasse totale sur toute forme de coopération ou de travail collectif dans ces deux domaines, sans aucune référence au travail en équipe ni en laboratoire), puisse constituer un atout pour faire entendre et respecter le point de vue des enseignants-chercheurs ?




[1] Olivier Beaud : Note de « Qualité de la Science Française » (QSF) sur le projet de décret modifiant le décret du 6 juin 1984. Cette note a largement inspiré une tribune publiée dans Le Monde du 6 janvier 2009, signée par 13 universitaires, et depuis lors proposée comme pétition.

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Rêveries d’un pétitionnaire solitaire

Pétition, courrier, contre-courrier… 

L’universitaire se regarde dans le miroir: Alice a disparu.  Dans ce mauvais Feydeau, le voilà trompeur et trompé. Serviteur contraint mais complaisant d’une machine à fabriquer du rien, il participe peu ou prou aux réformes successives qui, étant parties de nulle part, y retournent allégrement. Ainsi défilent à l’ombre  de son inconséquence licences, maîtrises, mastères aux noms titillants. Ainsi défilent les vagues successives de futurs postiers décorés de leurs colifichets universitaires si laborieusement acquis. Au théâtre de la Fraternité, ces Jourdains de l’enveloppe ne sont que des trompés, et lui le sait bien…

Et, au fil du temps, ce même universitaire voit bien ses atours s’élimer. Ombre d’un passé qu’il sait bien plus glorieux, en dépit de ténus remugles vichyssois, il contemple avec une anxiété croissante son pécule maigrissant. Lui, ravalé au rang du über-proletariat, alors qu’il était si doux de pouvoir se compter parmi les maîtres, tout en clamant avec une véhémence Cohn-Benditienne son refus d’en être !  Dorian Gray se met à vieillir, certes plus lentement, pour l’instant encore, que son portrait.

L’universitaire n’ira pas dans la rue comme le vulgaire cheminot pour mendier trois écus. Quand père et mère sont nantis, ils ont freiné sa déchéance en lui offrant l’incontournable logis haussmannien. A défaut, l’alternative est inexorable: il partagera son existence avec le cheminot dans une banlieue non divisible par trois, ou bien, Columbus sans panache, il dirigera ses pas vers le soleil couchant, et posera sa besace, au gré des pythies académiques, entre la Bretagne et la Californie…

Et puis, comble de l’exaspération, une espèce universitaire mutante se multiplie. D’origine incertaine, elle n’a que faire de son reflet ; peut-être ne sait-elle pas ce qu’est un miroir. Immiscée dans les fentes universitaires, elle enfle.  Cheminot(e?) sans état d’âme, elle se gausse du désarroi de ses collègues schizophrènes, et s’installe confortablement dans des habits de contremaître. La Poste, la SNCF, l’Université, même combat. 

Alors pétitionner ou ne pas pétitionner ? Je déteste la SNCF et les contremaîtres. Je n’aime pas beaucoup la Poste et les postiers.  Par contre, j’aime les beaux habits et les appartements haussmanniens. Universitaire narcissique, je  pense mériter les deux avec juste mesure. Que dois-je en conclure, suis-je pour ou suis-je contre? 

 

And if “this is the end, my friend”, then who truly cares ?…

 

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Bonne année 2009

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