Archive for février, 2009

Imprimer cet article Imprimer cet article

Ca bouge à l’AERES !

Nous, délégués scientifiques à l’Agence d’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (sections des unités de recherche et des formations), signataires de ce texte, tenons à témoigner notre désaccord avec les proclamations et contre-vérités entendues récemment concernant l’évaluation de la recherche. Nous affirmons, en particulier, qu’il est injuste et sans fondement de répandre l’idée que la recherche n’aurait jamais été évaluée en France, voire que les enseignants-chercheurs refuseraient toute évaluation : cela  révèle une profonde méconnaissance du fonctionnement de la communauté scientifique.

Nous rappelons que l’agence a été installée en 2007 pour devenir le centre des processus d’évaluation des activités de recherche et d’enseignement qui étaient jusqu’alors assurés par plusieurs instances. Notre travail est d’organiser en toute indépendance cette évaluation des unités de recherche et des formations. Celle-ci est effectuée par des pairs, étrangers ou français, femmes ou hommes, choisis pour leurs compétences disciplinaires en matière de recherche et de formation, dans le respect de règles déontologiques admises dans toutes les communautés scientifiques du monde.

Les chercheurs et enseignants-chercheurs quant à eux sont constamment évalués : ils le sont par diverses institutions collégiales lorsqu’il s’agit de leur recrutement ou de l’évolution de leur carrière ; ils le sont aussi par des comités de lecture lorsqu’ils soumettent des articles pour publication et par des experts anonymes quand ils répondent à des appels à projets français, européens ou internationaux ; ils le sont enfin lorsqu’ils demandent une prime ou proposent à l’accréditation des projets pédagogiques de nouvelles filières et diplômes.

Rappelons enfin que notre mission à l’agence nous permet de poursuivre nos activités de recherche et d’enseignement dans nos institutions respectives. Nous sommes donc à double titre les témoins du sérieux avec lequel nos collègues considèrent le rôle de l’évaluation, mais aussi désormais, du malaise général qui s’est installé depuis ces proclamations non fondées.


Signataires

Pascal Auscher, Michel Pierre, Maria Zamora, Régis Réau, Alain Merlen, Robert Mégy, Max Malacria, Jean-Michel Robbe, Frédéric Truchetet, Jacques Desrues, Edith Falgarone,  Jean-Marc Geib, Daniel Guedalia, Marie-Yvonne Perrin, Michel Robert, Luis Farina del Cerro, Georges Hadziioannou, Jean-François Deconinck, Luc Dugard, Jean-Léon Houzelot, Rosine Lallement, Pierrick Gandolfo, Arnaud Mercier, Sandra Laugier, Ronald Shustermann, Nadine Massard, Annie Vinter, Rostane Mehdi, Anne Cammilleri, Catherine Sofer, Christian Genre, Pierre Glaudes, Erwan Bézard, Philippe Normand, Alain Pugin, Patrice Bourdelais, Patrick Rousseau, Pierre-Hervé Luppi, Patrice Fontaine, Charles Dumontet, Fabien Paulus, Claude Lecomte, Bernard Dastugue, Pascal Ferré, François-Loic Cosset, Frédéric Flamant, Christian Barillot, Claude Maranges, Jean-Claude Germon, Gabriel Dupuy, Jacques de Maillard, Pierre Muller, Sharon Peperkamp, Yvette Veyret, William Marx, Christine Maillard, Gilles Perrin, François Cury.

 

Imprimer cet article Imprimer cet article

Ca ne nous rajeunit pas…

Les débats de la fin du XIXème siècle sur la constitution d’universités ont, me semble-t-il, quelques rapports avec les temps que nous vivons. Voici donc un « rappel » de ce qui s’est alors passé et dit lors des débats parlementaires.

Un projet de loi déposé  le 22 juillet 1890 prévoit la constitution d’universités de plein exercice, rassemblant ainsi certaines des facultés napoléoniennes en donnant la possibilité de créer des centres scientifiques  nationalement et internationalement puissants. Les  exemples que chacun a en tête, pour les admirer ou les contester - comme contraire au génie administratif français - sont les universités anglaises ou allemandes.

Une commission du Sénat, présidée par Jules Simon,  est constituée pour examiner ce projet de loi et Agénor Bardoux, qui en est le secrétaire, fait connaître l’avis de cette commission le 19 janvier 1892, 18 mois après le dépôt du projet de loi. Cette commission est très divisée, certains exprimant la crainte de voir une concentration sur un nombre limité d’universités (le projet de loi prévoit qu’une université doit rassembler au moins 4 facultés, ce qui correspond alors à 7 villes), ce qui aurait comme conséquence de conduire à des facultés isolées et dont on peut craindre qu’elles soient en perte de  vitesse (dans 8 autres villes), donc à un danger pour le territoire qu’ils représentent : ils en tirent la conclusion qu’il faut éviter la constitution d’universités et décident de militer pour le statu quo facultaire.

lire la suite…

Imprimer cet article Imprimer cet article

Un rêve américain

Dans le mouvement actuel de révolte universitaire, une foule de textes et de proclamations déferle sur nous au travers de la presse et des blogs. Pour la plupart il s’agit de prises de position peu argumentées – ce n’est pas leur objet – ou alors de communiqués du type « agence Tass »[1]. Mais de nombreuses contributions présentent des analyses et expriment des points de vue qui participent d’un vrai débat. Elles méritent une attention particulière, que l’on soit d’accord ou pas avec les positions défendues. C’est l’un des mérites de la crise actuelle d’avoir amorcé ce débat qui avait été jusque là étouffé par l’approche dirigiste choisie pour faire avancer les réformes. Nous nous intéresserons aujourd’hui à la contribution de quatre universitaires français travaillant aux Etats-Unis ou au Canada[2] dont un résumé est paru dans Le Monde du 6 février 2009.

I LIKE TO LIVE IN AMERICA

Saluons l’honnêteté de ces collègues qui n’hésitent pas à donner en exemples les universités d’outre-atlantique dans lesquelles ils travaillent - ce qui pourrait les faire « lyncher » dans certaines assemblées générales de chez nous… Remarquons seulement qu’ils travaillent, bien sûr, dans de grandes « universités de recherche » et pas dans des community colleges. La situation qu’ils décrivent doit donc être relativisée. Mais il ne sont pas les seuls universitaires français travaillant ou ayant travaillé dans des universités nord-américaines à exprimer – au moins en privé – leur satisfaction des modes d’organisation et des conditions de travail qu’ils ont connus là-bas, quelles que soient par ailleurs les critiques sociales qu’ils puissent faire.

Que nous disent ces collègues expatriés ? De façon générale leur texte entend montrer que « le « modèle libéral » à la française prétend s’inspirer des Etats-Unis, mais ne fait qu’accentuer des travers typiquement français ; il prétend faire confiance au « marché » alors qu’il ne fait que renforcer la hiérarchie ». La référence au « marché » - le terme est employé une vingtaine de fois dans le texte, de façon non péjorative - montre en tout cas la liberté intellectuelle de ces collègues vis-à-vis du « politiquement correct » à la française pour lequel le « marché » est forcément diabolique[3]. Ils entendent simplement par là qu’il y a pour les professeurs ou candidats professeurs une offre et une demande à l’intérieur du système universitaire - qu’on peut appeler un « marché » - et ils mettent l’accent sur les modes de régulation de ce « marché ».

lire la suite…

Imprimer cet article Imprimer cet article

Et vogue le navire…

dove-va-la-nave.jpg

Imprimer cet article Imprimer cet article

Dépasser les contradictions et rétablir la confiance ?

A lire mon article paru dans Le Monde du 19 février, malheureusement sans la très belle illustration de Rita Mercedes qui l’accompagne…

Tous les textes de ce dossier spécial “Les universitaires face à la réforme” méritent d’être lus. Mais j’ai particulièrement apprécié l’article d’Alexandre Dupeyrix.

Imprimer cet article Imprimer cet article

Vive l’université ! Pour sourire un peu

Yannick Vallée est professeur à l’Université Joseph Fourier de Grenoble, et a été président de cette université.

Imaginons que la modulation des services se mette en place dans une université autonome. Je dis bien, imaginons… Que se passerait-il alors ?

 

Le président élu de l’université en informe son conseil d’administration. Il précise que, en accord avec les principes de la loi LRU, il demandera au conseil scientifique et au conseil de la vie universitaire d’étudier le dossier. Le conseil d’administration accepte cette proposition de bon sens.

 

Les membres de ces deux conseils, consultés par le président, trouvent qu’il s’agit là d’un dossier important et complexe. Pas question de trancher à la va-vite. Le président propose de consulter les diverses communautés disciplinaires (les UFR) afin qu’elles puissent faire remonter leurs visions. Le bon sens universitaire l’emportant, l’idée de cette consultation est entérinée. Le président propose alors une « lettre de cadrage », un courrier envoyé à chaque UFR, rappelant les termes de la loi et du décret d’application, et précisant les grands axes sur lesquels il souhaite faire avancer l’université à cette occasion, par exemple : respect des communautés disciplinaires dans le cadre de la politique d’établissement, élaboration de grandes lignes applicables à tous, discussion au cas par cas avec chaque enseignant sur un contrat à quatre ans, aide aux plus jeunes collègues. Le débat est là plus âpre. « De quel droit le président s’autorise-t-il à encadrer les contributions! » disent certains. Le président rappelle que la loi (celle de 84 le faisait déjà) précise qu’il dirige l’université. « Il est de mon devoir de garantir que les discussions ne partent pas dans tous les sens”. Et il finit par un vibrant “sur une telle question, nous ne pouvons pas nous permettre un manque d’efficacité ! » qui emporte l’adhésion majoritaire des conseils.

 

lire la suite…

Imprimer cet article Imprimer cet article

Modulation des services et gouvernance universitaire

Un martien de passage en France pourrait légitimement s’étonner de certains aspects du débat actuel sur la modulation des services : la prise en compte de l’ensemble des activités des enseignants-chercheurs, et la modulation de leur service d’enseignement n’est-elle pas une vieille revendication de la communauté universitaire ? Citons quelques extraits du rapport des Etats généraux de la recherche en 2004[1] (les passages en italiques sont soulignés par moi):

Il est nécessaire de recruter un nombre important d’enseignants-chercheurs et d’augmenter significativement le nombre de monitorats associés à une activité d’enseignement. Cela permettra une réduction du service des enseignants-chercheurs (avec pour objectif à terme un service de l’ordre de 150 heures « présentielles » pour tout enseignant-chercheur ayant une activité de recherche avérée par une évaluation)

Le rapport continue en énumérant des mécanismes susceptibles de favoriser l’engagement des enseignants-chercheurs dans la recherche :

Des possibilités de modulation du service pédagogique variables au cours de la carrière, sur la base du volontariat, et en lien avec l’évaluation : (…) des actions de réduction significative du service pédagogique permettant aux enseignants-chercheurs de se consacrer de manière plus importante à une activité de recherche; elles seront mises en place lors de chaque échéance quadriennale. De même, des possibilités d’augmentation du service d’enseignement des enseignants-chercheurs qui le souhaitent, leur permettant de se concentrer sur leurs projets pédagogiques, doivent être créées. Elles ont pour corollaire important qu’une implication forte et de qualité dans l’activité pédagogique doit ouvrir les mêmes possibilités de promotion qu’une implication forte dans les activités de recherche.

On le voit : le besoin de modulation s’est exprimé fortement, et pas seulement dans le sens d’une diminution du service d’enseignement, dans ce moment démocratique unique qu’a été l’élaboration du rapport des Etats généraux de la recherche. Et, quand elle était orientée vers le bas la modulation  y était assortie de conditions très nettes : être un chercheur évalué pour sa recherche.

lire la suite…

Imprimer cet article Imprimer cet article

La “stratégie du kärcher” met les universitaires en furie

On se souvient que Nicolas Sarkozy, alors encore ministre de l’Intérieur, avait promis de « nettoyer au kärcher » la cité des 4000 à La Courneuve de tous les voyous qu’elle abritait. L’une des conséquences les plus tangibles, ce fut 3 semaines d’émeutes en banlieue… Sans vouloir faire de parallèle excessif, on ne peut s’empêcher d’y penser lorsqu’on lit - ou mieux lorsqu’on écoute - l’intervention du 22 janvier 2009 du président de la République pour le lancement de la réflexion sur la « stratégie nationale de recherche et d’innovation ». Ce discours a provoqué à juste titre la fureur de beaucoup d’universitaires et de chercheurs. Et, si les intéressés ne brûlent pas de voitures, ils n’en manifestent pas moins leur révolte par une grève dure et d’autres manifestations de blocage de l’institution. Malheureusement cette révolte ne va pas sans une certaine confusion, et n’ouvre guère de perspectives d’avenir.

Le discours du 22 janvier a déjà fait l’objet de suffisamment de commentaires acerbes pour qu’il soit inutile d’en rajouter. Cependant on doit y revenir car il exprime assez bien l’esprit dans lequel le pouvoir politique au plus haut niveau entend mener les réformes de la recherche et de l’enseignement supérieur : à la hussarde, en prétendant faire violence aux acteurs, dans un domaine d’activités où la contrainte pure et simple ne mène à rien, et où tout est affaire d’équilibre entre « la règle et le consentement »[1]. Sans aucun doute le statu quo n’est pas satisfaisant et des réformes sont souhaitables. Encore faut-il appréhender correctement la réalité subtile sur laquelle on entend agir et ne pas s’acharner à s’aliéner ceux dont la collaboration est indispensable.

Dans ce discours du 22 janvier il s’agissait, rappelons le, de lancer la réflexion sur la « stratégie de recherche et d’innovation ». J’ai écrit dans un précédent article ce que je pensais de cette opération technocratique, au moment où elle avait été lancée[2]. Mais son caractère artificiel est devenu encore plus évident après le fameux discours, puisque celui-ci est, par lui-même, une conclusion anticipée de cette prétendue réflexion. En effet, non seulement le président énonce d’emblée avec force des objectifs, mais il les fonde sur une analyse sommaire et très « idéologique ». Je ne voudrais pas être à la place des nombreux collègues des comités que l’on a rassemblés pour avaliser cette démarche.

lire la suite…

Imprimer cet article Imprimer cet article

Réflexions autour de la loi sur les universités

Vous trouverez ici les diapositives de mon intervention aux Etats Généraux de Paris 13 (30.01.09)



IPSCounter Add-On for Google Sitebar