On se souvient de la sortie de N. Sarkozy lors de sa fameuse allocution du 22 janvier 2009 : « Comment expliquer qu’avec une dépense de recherche plus élevée que celle de la Grande Bretagne, et environ 15% de chercheurs statutaires en plus que nos amis anglais, la France soit largement derrière elle pour la part de production scientifique dans le monde ? Il faudra me l’expliquer ! Plus de chercheurs statutaires, moins de publications et, pardon, je ne veux pas être désagréable, à budget comparable, un chercheur français publie de 30 à 50% en moins qu’un chercheur britannique dans certains secteurs. En somme, nous avions perdu le « match » contre la Grande-Bretagne, et ça allait chauffer pour les joueurs et les entraîneurs ! Mais le président n’avait pas lu la « presse sportive spécialisée »…
Archive for mars, 2009


Quand nous étions gamins, à l’école primaire, à l’approche des vacances, mes copains et moi chantions cette comptine :
Vive les vacances
Plus de pénitences
Les cahiers au feu
La maîtresse au milieu !
Et je me souviens bien que ma maman me disait toujours qu’il ne fallait pas que je chante le dernier vers. Quand même, brûler la maîtresse !
Et bien, à voir la télévision, à écouter la radio, à lire la presse et certains sites Internet, je me dis que les présidents d’université d’aujourd’hui ne sont guère mieux servis que nos institutrices d’antan ! Certes, président lors d’une période d’agitation universitaire, cela a toujours été une position difficile (tout autant que doyen de Faculté en 68), mais il semble que l’on atteigne aujourd’hui un niveau de hargne hors du commun. Les présidents d’université seraient des dictateurs à la solde du grand capital et à la botte de Nicolas Sarkozy, par nature incompétents, à la fois manipulés et manipulateurs, en tout cas, indignes de représenter leur communauté.
Bien que, convenons-en, tout cela soit faux, il n’est pas inutile de s’interroger sur ce qui a pu conduire à une telle déformation de l’image des présidents dans une certaine partie (que je crois minoritaire, mais qui occupe le devant de la scène médiatique) du monde universitaire, étudiants, personnels administratifs, techniques et enseignants mêlés.

Ceux qui ont lu le Canard Enchaîné du 4 mars 2009 ont pu y découvrir avec étonnement un article intitulé « Sarko ordonne la retraite aux « cons du ministère » » qui rapporte les propos suivants du président : « Je ne veux plus voir les enseignants, le chercheurs et les étudiants dans la rue ! Fini le projet de décret. Fini aussi la suppression des IUFM. Vous me réglez ça. Vous vous couchez. Je m’en fous de ce que racontent les cons du ministère ! S’il le faut, vous n’avez qu’à faire rédiger les textes par les syndicats, mais qu’on passe à autre chose ! On a bien assez de problèmes comme ça. De toute façon, ce n’étaient que des projets de merde ». Ces propos n’ont pas été démentis. Au contraire, ils sont plus ou moins confirmés par tous les « cons du ministère » qu’on rencontre.
On peut d’ailleurs constater que Valérie Pécresse a commencé à « se coucher » et a fait effectivement rédiger une nouvelle version de son décret par les syndicats – ceux qui avaient été assez gentils pour participer à ses réunions de concertation. Il faut mettre des lunettes pour distinguer en quoi ce nouveau décret diffère vraiment de celui de 1984. Certes on y prononce le terme de « modulation des services »[1], mais les conditions dont on l’assortit affaiblissent sa portée (y compris dans le sens positif de libérer du temps pour la recherche). S’il y a quelque chose de nouveau, c’est l’évaluation systématique, prévue tous les quatre ans, des enseignants chercheurs par le CNU. Il faut bien dire que cette opération bureaucratique, au demeurant difficile à mettre en œuvre - voire même irréaliste s’il s’agit d’évaluer autre chose que la recherche - pourrait être considérée comme un recul des libertés universitaires. Mais comme c’est le CNU qui est censé la mettre en œuvre et que les syndicats de droite et de gauche aiment bien leur CNU, tout le monde trouve ça très bien… Ces nouveautés mises à part, il vaut mieux parler de stabilisation du statu quo. Fallait-il une telle débauche d’énergie pour parvenir à un toilettage finalement aussi anodin du décret de 84 ? C’est un dégât collatéral de la LRU dont le système de gouvernance n’a inspiré aucune confiance dans les pouvoirs nouveaux qui étaient donnés aux présidents d’universités dans la mouture initiale du texte.