Archive for janvier, 2010

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Le défi démocratique laisse les professeurs sans voix

Les remous médiatiques provoqués par les réticences publiques de la Conférence des Grandes Ecoles (CGE) à accepter l’objectif officiel de 30% de boursiers dans les grandes écoles, auront eu au moins le mérite de remettre à l’ordre du jour le débat sur les inégalités scolaires et universitaires, qui avait un peu disparu du paysage revendicatif. En effet, la grande crise universitaire du printemps dernier était centrée sur des revendications de statuts, de services, de gouvernance universitaire… et beaucoup moins sur les missions de l’enseignement supérieur et le sort des étudiants[1]. A la rentrée, ce fut la protestation contre une diminution de l’horaire d’histoire et géographie en terminale S qui mobilisa l’attention. Toutes revendications assez égocentriques et décalées par rapport aux questions sociales, ce qui explique peut-être qu’elles n’aient pas entraîné grand monde au-delà de la communauté académique…

30% DE BOURSIERS 

Sur l’objectif des 30% de boursiers, assez de choses pertinentes ont déjà été dites pour qu’il ne soit pas nécessaire de s’étendre. L’objectif était ambigu dès le départ. S’agissait-il d’une vague intention ou de la fixation éventuelle d’un quota ? La CGE a fait mine de croire qu’on allait lui imposer un quota. Nicolas Sarkozy s’est empressé de la rassurer : « Je n’accepterai jamais un système où certains candidats seraient reçus à un concours pour la seule raison qu’ils sont boursiers – au détriment d’autres candidats plus méritants et plus travailleurs » [2]. Au fond, la CGE était tombée dans un piège, se laissant aller à présenter un visage anti-démocratique alors qu’on ne lui demandait qu’une vague promesse qui n’engageait à rien. Comme le leur ont susurré les deux compères Minc et Pinault[3], ils auraient dû « au moins faire leur, à défaut d’une réaction plus ouverte, la philosophie du prince de Lampedusa : Il faut que tout change pour que tout reste pareil ».   

Si l’on n’impose pas de quota, que peut-on faire pour augmenter le nombre de boursiers ? La ministre Valérie Pécresse souhaite que l’on change le contenu des concours pour tenir compte des handicaps socioculturels de ces candidats. Mais s’agissant des écoles les plus élitistes, les places sont trustées par une poignée de CPGE ou d’instituts privés[4], socialement très sélectifs, qui n’auront aucune peine à s’adapter aux contenus des concours, quels qu’ils soient.

La ségrégation sociale intervient de fait bien en amont des concours. N’oublions pas qu’un enfant d’ouvrier sur deux ne parvient pas au bac ; il n’est donc pas concerné. Une masse d’élèves déjà sortis du système sont de toute façon exclus de la sélection pour les grandes écoles dont les contingents sont formés d’étudiants disposant d’un patrimoine culturel ou économique. Pour y incorporer 30% de boursiers par la voie normale, il faudrait doubler, voire tripler, les effectifs de ces écoles dont le crédit repose largement sur leur numerus clausus. On n’imagine pas, tout de même, que les nouveaux venus vont chasser les enfants des classes favorisées qui occupent les lieux !

POURQUOI LES PROFESSEURS RESTENT SANS VOIX

Il est frappant de constater que les professeurs de tous ordres concentrent leurs critiques sur leurs conditions de travail et sur l’insuffisance des moyens mis à la disposition des établissements, plutôt que sur les inégalités structurelles du système français. Les deux questions ne sont évidemment pas disjointes, mais on ne peut prétendre réduire les inégalités par une simple augmentation des moyens. Cette attitude peut être mise en parallèle avec la discrétion de la gauche traditionnelle sur la controverse actuelle relative aux grandes écoles.

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Demain, dix universités en France ?

On trouvera ici le chat que j’ai fait sous cet intitulé un peu provocateur sur lemonde.fr le 13 janvier 2010.

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Bonne année 2010

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