Archive for mars, 2013


En attendant le verdict parlementaire, on peut instruire à charge et à décharge le projet de loi sur l’enseignement supérieur et la recherche. Ce n’est pas très original mais l’exercice est utile car on n’est pas à la fin de l’Histoire et il est bon de nourrir la réflexion collective. Cette loi, promise par le président de la république pendant sa campagne, devait être l’expression d’une nouvelle ambition pour l’université et un évènement majeur du quinquennat. Le moins qu’on puisse dire c’est que ce ne sera pas le cas, même s’il faut s’abstenir de tout jugement simpliste. Et pour ce qui est du simplisme, on est servi. Que la droite politique tire à boulets rouges sur le projet d’un gouvernement de gauche, quoi de plus naturel. Mais, du côté gauche, il y a de quoi être un peu éberlué par les réactions excessives et divergentes des uns et des autres. Pour des syndicats tels que le Snesup, comme pour des mouvements radicaux tels que SLR ou SLU, la condamnation est totale et sans appel. Pour SLU, par exemple, il s’agit « d’une LRU maquillée, d’une LRU renforcée, d’une LRU extrémisée ». Pour la Coordination des responsables des instances du CNRS (C3N), « le projet de loi ne répond à aucune des critiques et ne retient aucune des propositions qu’a faites le C3N dans deux contributions aux Assises et dont une partie était pourtant reprise dans le rapport de V. Berger et le rapport Le Déaut ». A quoi le député Jean-Yves Le Déaut, auteur du rapport en question rétorque : « les principales mesures de mon rapport se retrouvent bien dans cet avant-projet de loi ». De son côté, le président de la CPU ne craint pas d’affirmer : « Cette loi porte une grande ambition, elle va profondément changer le paysage de l’enseignement supérieur et de la recherche », ce qui n’a pas empêché la CPU d’essayer (avec un certain succès) de vider le projet de loi des dispositions qui limitaient les pouvoirs donnés aux présidents par la LRU. L’UNEF qui s’était déjà distinguée en 2007 par son attitude conciliante envers la LRU, explique aujourd’hui : « L’UNEF obtient des engagements importants de la ministre pour remettre les étudiants au cœur de la réforme ». La ministre Geneviève Fiorasso a d’ailleurs su habilement s’appuyer sur la CPU et sur l’UNEF, dans un contexte général plutôt désabusé… Mais tout ça, me direz-vous, c’est de la basse politique, la position de certains étant déterminée par leur souci de ne pas trop gêner le parti au pouvoir. Essayons d’être plus objectifs !