Archive for février, 2014

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Fluctuations de l’évaluation

On trouvera dans le présent blog un article intitulé « Evaluer quoi et pourquoi ? » écrit en 2008 et qui faisait le point sur l’une des dispositions phares de la loi de programme pour la recherche de 2006 : la création d’une « Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur » (AERES) à laquelle était attribuée une mission quasiment universelle d’évaluation (unités de recherche, formations et diplômes, universités et organismes de recherche). Aujourd’hui, à l’appel de l’Académie des Sciences, on supprime l’AERES d’un trait de plume, on reprend tout et on recommence avec un « Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur » (HCERES). Ce n’est certainement pas la fin de l’histoire et s’il est encore trop tôt pour porter un jugement définitif sur cette réforme, il est important d’en situer le contexte et les enjeux.

L’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche, telle qu’on l’envisage aujourd’hui, est une idée relativement neuve en France. Si l’on remonte aux origines (l’université impériale…), on ne parlait pas alors d’évaluation mais de « contrôle » par des inspecteurs généraux, des recteurs…, et cette tradition étatique s’est perpétuée très longtemps, disons jusqu’aux années 1980. L’évaluation des enseignants du supérieur était limitée aux procédures de recrutement et de promotion. Le CNRS avait mis en place des évaluations individuelles et collectives de la recherche dans ses laboratoires depuis les années 1950, mais il n’existait rien de tel dans les universités. Il ne fut pas question d’évaluation lors du colloque de Caen de 1966, pas plus que dans la loi d’orientation d’Edgar Faure qui crée la nouvelle université française d’après 1968. Ce n’est que dans les années 1980 que ce thème de l’évaluation émerge sous l’influence de personnalités comme Laurent Schwartz, avec la création marquante en 1985 du Comité national d’évaluation (CNE) qui subsistera jusqu’à son intégration dans l’AERES. L’essor du thème de l’évaluation va de pair avec celui de l’autonomie et de la concurrence, comme en témoigne le fameux rapport du Collège de France, rédigé par Pierre Bourdieu en 1985. Mais, paradoxalement, la création de l’AERES témoigne de la permanence du centralisme. S’agissant d’évaluation, on se trouve pris chez nous, en effet, dans des contradictions dont il est difficile de sortir.

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