Archive for avril, 2014

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Commentaire

On trouvera ici un commentaire de l’article « Les communautés d’université : des « systèmes » à la française ? ». Ce commentaire est proposé par Bernard Belloc, Président honoraire de l’Université de Toulouse 1 Capitole, Ancien conseiller enseignement supérieur recherche à la Présidence de la République. Il est publié sous sa responsabilité. 

Dans le désert sibérien du débat actuel sur l’université en France, ce papier est le bienvenu. Je ne partage pas, loin s’en faut, toutes les positions de JFM, ce qui ne le surprendra pas, mais ses analyses sont de remarquables contributions au débat. Sous un gouvernement de gauche nous assistons actuellement à une triple régression: régression budgétaire tout d’abord, qui va à nouveau nous faire reculer en terme de dépense par étudiant en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE, difficilement atteinte en 2012, régression sur le plan de l’autonomie, car l’Etat a désormais repris tout le contrôle du pilotage  de ses universités après les sans doute trop timides avancées de la LRU, et, plus triste, régression intellectuelle car aucune idée nouvelle ne semble être mise sur la table par des universitaires français partagés entre un individualisme forcené et un appel pathétique à la protection de l’Etat, dérisoire dans un monde devenu global. Même l’Etat chinois est en train de lancer une profonde réflexion sur l’autonomie qu’il convient désormais d’accorder à ses universités dans un monde devenu global, alors que l’autonomie des universités chinoises est de facto déjà largement plus grande que celle des universités françaises !

Je retiens d’abord du papier de JFM une excellente définition de la démocratie universitaire recadrant bien les choses: la démocratie universitaire c’est le degré de liberté laissé aux universitaires et pas le pouvoir de la base sur le sommet. La démocratie n’a rien à faire à l’université s’il s’agit de donner le pouvoir à la communauté universitaire. Les universités ne lui appartiennent pas et les collègues qui en appellent à tout bout de champ à la démocratie universitaire pour justifier le pilotage des universités par les universitaires devraient prendre le temps de la réflexion. Ils se rendraient compte que cela ne peut que conduire par réaction au renforcement du pilotage des universités par l’Etat, seul vrai propriétaire des universités au nom de la société civile qu’il représente dans un régime politique général de démocratie représentative. J’ai un grand regret qu’on n’ait pu imposer dans la loi LRU des conseils d’administration composés de membres externes à la communauté universitaire, ainsi que de vrais sénats académiques, non exécutifs mais représentants les universitaires. Trop novateur alors, dans un monde français trop figé. La situation actuelle n’est pas non plus tenable, avec deux instances dirigeantes élues créant une double légitimité au mieux paralysante pour les universités. On ne pouvait mieux s’y prendre pour affaiblir les universités et redonner complètement la main à l’Etat. Mais bon, peut-être que de petits pas en petits pas, les choses évolueront vers une situation acceptable en ce qui concerne la gouvernance des universités françaises et de leur autonomie.

Le trait le plus important de la loi mise en œuvre actuellement semble être la mise en place de regroupements d’universités, les COMUE, qui peuvent prendre différentes formes. Il y a quelques années j’avais décrit, dans un ouvrage paru aux PUF, deux des principaux systèmes public américains, le système californien et le système du Wisconsin. Les deux me semblaient en effet constituer une bonne base pour imaginer un cadre d’évolution pour le système français, même s’ils ne peuvent résumer à eux seuls la très grande diversité des systèmes publics américains, soulignée à juste titre par JFM.

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Les communautés d’universités : des “systèmes” à la française ?

Dans notre pays foncièrement hostile au changement, en dehors des périodes de crise ouverte on ne réforme que de biais. La dernière loi sur l’enseignement supérieur et la recherche n’échappe pas à la règle. Cette loi (comme la précédente d’ailleurs) ouvre des perspectives à l’autonomie des universités sans oser remettre directement en cause une organisation héritée d’un pilotage étatique. D’un autre côté, nombre d’universitaires refusent toute évolution vers l’autonomie, défendant mordicus le pilotage direct par un Etat dont, en même temps, ils contestent les orientations. Dans le contexte de la mondialisation[1], notre enseignement supérieur doit se réorganiser, même s’il n’existe aucun modèle universel auquel on doive se conformer. Ceci concerne en particulier la gouvernance des universités, la place et le rôle de la communauté académique.

On a eu jusqu’ici un système très centralisé qui laissait peu de place à l’autonomie. Le conseil d’administration d’une université ressemblait davantage à un « comité d’entreprise » qu’à un conseil exécutif. Pourtant beaucoup s’y réfèrent encore au nom de la « démocratie ». C’est l’occasion de préciser le sens qu’on peut donner à ce mot à l’université. Il renvoie au pouvoir donné aux universitaires d’influer sur les décisions. Il ne s’agit pas de démocratie au sens propre, car l’université n’appartient pas aux universitaires. L’université est un bien public et l’idée que les universitaires devraient avoir le dernier mot sur la gouvernance de l’université n’est pas acceptable. Ils ne l’ont pas eu en réalité jusqu’ici, l’essentiel des pouvoirs restant entre les mains de l’Etat, mais la question se pose en des termes nouveaux si l’on accroit les compétences propres des universités. Il ne peut être question de substituer au pouvoir de l’Etat celui d’un conseil exécutif élu. La LRU avait cru pouvoir s’en tirer en réduisant le processus électif à la légitimation d’un président. On connaît les déboires de cette réforme.

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