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Boursiers et Grandes Ecoles

Jean-Yves Mérindol est directeur de l’ENS de Cachan.

On compare ici les pourcentages de boursiers, pour plusieurs écoles d’ingénieurs et les ENS, parmi les admis provenant des concours ouverts aux étudiants des classes préparatoires scientifiques.

On n’a pas cherché à faire une liste exhaustive de toutes les écoles. On se limite à certaines d’entre elles, notamment à celles qui sont considérées comme les plus importantes ou les plus prestigieuses par les étudiants des classes préparatoires.

On calcule, pour chacune de ces écoles ou groupes d’écoles, le pourcentage des étudiants reçus aux concours 2009 qui étaient boursiers en 2008-2009, année où ils ont préparé, et réussi, ces concours.

Les différences, assez importantes pour mériter réflexion, proviennent de plusieurs facteurs accumulés et des études supplémentaires seraient nécessaires pour en comprendre les effets relatifs.

L’un des facteurs provient des différences des taux de boursiers entre les diverses filières des classes préparatoires. Le premier tableau en donne une indication, confirmant que la filière TSI qui fait suite aux baccalauréats STI présente un profil particulier avec 44 % de boursiers. Les autres filières ont des taux de boursiers allant de presque 20 % (filière MP) à 26,7 % (filière PT).  Il serait intéressant de pousser l’analyse un peu plus loin, en distinguant les classes préparatoires avec * (MP *, PC *, PT *).

Les autres facteurs de différenciation résultent des choix des candidats qui décident de s’inscrire à certains concours, puis les effets des concours eux-mêmes, et enfin les choix des candidats qui sont reçus à plusieurs concours. On y retrouve mélangées des décisions appartenant à des jurys écrits et oraux et des décisions provenant des candidats eux-mêmes, via des effets d’auto-censure ou - au contraire -d’une correcte appréciation de ses qualités personnelles.

On peut imaginer que les écoles qui rémunèrent leurs étudiants (Ecole Polytechnique, les ENS) sont particulièrement attractives pour les boursiers. Il y a probablement un bonus d’attractivité pour ces écoles. Mais on voit qu’il n’est certainement pas homogène (les taux de boursiers parmi les reçus sont de  30,7 % à l’ENS de Cachan, de 21,4 % à l’ENS de Lyon, de 16,6 % à l’ENS Ulm et de 11,0 % à l’Ecole Polytechnique).

Les classements des concours communs donnent une indication synthétique sur les taux de boursiers dans les banques d’épreuve. On constate un taux voisin pour les banques  Mines-Ponts et Centrale-Supélec (15,98 % et 16,76 %), un  peu supérieur au taux des écoles prestigieuses qui donnent leurs noms à ces concours, et un taux nettement plus élevé, voisin de 25 %, pour le concours commun des écoles polytechniques, qui sont souvent des écoles internes aux universités.

Remarques  méthodologiques :

Les concours des écoles d’ingénieurs, et ceux des filières scientifiques des ENS, ouverts aux étudiants des classes préparatoires sont organisés autour d’un outil collectif qui s’appelle le SCEI (Service Concours d’Entrée des Ecoles d’Ingénieurs).

Ce service procède à la gestion des inscriptions, des admissibilités, des admissions puis des choix entre écoles des candidats reçus entre plusieurs concours.

Pour ce faire, le SCEI dispose du fichier de l’ensemble des candidats dans toutes les filières de ces concours, avec un certain nombre de renseignements sur chacun de ces candidats. L’un de ces renseignements est l’indication qu’un candidat est, ou pas, boursier au moment de son inscription.

C’est en utilisant cette donnée que l’on obtient les chiffres qui suivent. Les candidats considérés comme reçus à une école sont ceux qui ont indiqué, via la procédure d’admission du SCEI, qu’ils ont décidé de rentrer dans cette école. Ce ne sont donc pas les candidats à qui cette admission a été proposée.

Ces statistiques portent sur les reçus par la voie des concours ouverts aux étudiants des classes préparatoires. De nombreuses écoles ont d’autres voies d’accès (concours sur titre ouverts à des étudiants ayant obtenu un M1, concours sur épreuves ouverts aux mêmes étudiants, étudiants étrangers reçus par le biais d’accords internationaux, …). Cette photographie sur ce flux d’entrée par les concours de première année, globalement très majoritaire, ne permet pas d’avoir une vision totale sur l’accès des boursiers aux écoles.

Il ne faut pas confondre le pourcentage de boursiers reçus avec celui des boursiers inscrits. Plusieurs changements peuvent se produire, dans un sens ou un autre, conduisant à des échanges entre les deux catégories entre le moment de l’inscription au concours et celui de l’entrée effective à l’école.

Certains étudiants ne peuvent avoir accès aux bourses pour des raisons administratives alors que leur situation sociale pourrait le justifier. C’est le cas des étudiants étrangers hors Union Européenne. Le taux des boursiers calculés en ne prenant en compte que ceux des étudiants qui ont administrativement le droit de demander une bourse, taux « redressé », serait donc un peu plus important avec une différence globale faible (probablement moins de 1 %). La déformation entre écoles, en passant des taux calculés ici à ces taux « redressés », serait assez faible pour ne pas modifier les grandes tendances observées ici.

L’ENS LSH de Lyon n’est pas mentionnée puisqu’elle ne recrute pas via les filières scientifiques. De même, les élèves littéraires de l’ENS Ulm et ceux des concours B/L ou d’économie/gestion de l’ENS de Cachan ne sont pas concernés par cette enquête.

Voir tableaux