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Le potentiel gâché des jeunes issus de l’immigration

Tout a été dit sur la récente déclaration du ministre de l’Intérieur suivant laquelle « les deux tiers des échecs scolaires, c’est l’échec des enfants d’immigrés ». Au-delà du mensonge largement dénoncé, ceci renvoie à une réalité politique assez déprimante et nauséabonde. Chacun sait que les forces politiques de droite et d’extrême droite ont lancé depuis quelque temps une offensive en règle contre l’immigration, et que tous les arguments sont bons. Il ne sert à rien de s’énerver contre ce qui relève finalement de la mauvaise foi et du parti-pris idéologique. Mais c’est une bonne occasion pour regarder en face cette réalité des jeunes issus de l’immigration, sans en occulter les aspects paradoxaux.

Le ministre de l’Intérieur prétendait s’appuyer sur un rapport du Haut Conseil à l’Intégration (HCI) de 197 pages dont le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne se laisse guère résumer à la formule lapidaire du ministre. Antérieurement à ce rapport du HCI, d’intéressantes études étaient parues[1] qui éclairent ce sujet complexe de l’intégration par l’Ecole. C’est aussi un sujet abordé par les enquêtes internationales PISA. La plupart des commentateurs s’appuient sur les mêmes rapports, mais ils n’en retiennent que les parties qui les intéressent et ils en tirent les conclusions qui leur conviennent, dans une formulation qui n’est jamais innocente. Il est donc intéressant de parcourir ces études avant de se lancer dans la polémique. Les chiffres et les textes cités ci-dessous sont tirés de ces divers documents.

Une précision avant d’aller plus loin : Qu’est-ce qu’on entend lorsqu’on parle d’élèves issus de l’immigration ? Attention ! Ceci peut varier suivant les enquêtes et les rapports considérés.

Il peut s’agir d’élèves de la première génération qui sont nés en dehors du pays et dont les parents sont également nés dans un autre pays, ou bien des élèves de la deuxième génération qui sont nés dans le pays mais dont au moins l’un des parents est né dans un pays étranger. Par élèves issus de l’immigration (ou descendants d’immigrés) on entend le plus souvent en France l’ensemble de ces deux catégories (la seconde étant incomparablement plus nombreuse que la première)[2]. Certains de ces élèves issus de l’immigration sont français du fait de l’acquisition de la nationalité française par leurs parents ; les autres pourront le devenir à 18 ans, ou dès l’âge de 13 ans ou 16 ans par déclaration anticipée (en 2008, plus de 55 000 enfants d’origine étrangère sont ainsi devenus français). Ils peuvent enfin vivre de manière irrégulière sur le territoire, sans titre de séjour valable. La situation administrative de ces élèves n’est pas renseignée par les établissements scolaires qui les accueillent. L’Ecole inscrit chaque année des milliers d’enfants sans papiers. L’association « Réseau éducation sans frontière » en recense entre 50.000 et 100.000. Au total, les descendants d’immigrés sont 6 millions, dont 4,3 millions de 15 ans et plus et 1,85 millions de moins de 15 ans.

Il faut noter que l’enquête internationale PISA adopte des définitions un peu différentes dans ses évaluations. Pour PISA, les élèves de la seconde génération sont ceux qui sont nés dans le pays, de deux parents étrangers. Elle compare les élèves issus de l’immigration aux élèves autochtones définis comme nés dans le pays de l’évaluation et dont un parent au moins est né dans ce pays.

Que doit-on retenir des études et des rapports ?

Au-delà de la constatation globale que les élèves issus de l’immigration rencontrent des difficultés dans leur scolarité et leur insertion (le contraire serait étonnant) que doit-on retenir de tous ces rapports, et quelles sont les questions importantes que l’on peut se poser ?

La lecture du rapport du HCI n’est pas passionnante de bout en bout. On y trouve des développements assez conventionnels et on peut lui reprocher de se focaliser davantage sur les questions culturelles et religieuses (et les conflits sous-jacents) que sur les conditions socio-économiques des familles. On en retiendra avec d’autant plus d’intérêt certaines affirmations fortes :

Le paramètre socio-économique est déterminant

« Deux tiers des élèves immigrés ou issus de l’immigration vivent dans des familles où les actifs sont ouvriers ou employés, contre un peu plus de la moitié pour les non-immigrés ».

« L’influence du milieu socio-économique est prépondérante dans les parcours scolaires des enfants. Si 80% des enfants de cadres ont accès aux formations post-baccalauréat, seuls 30% d’enfants d’ouvriers ou d’inactifs y parviennent. La moindre réussite des enfants d’immigrés à l’école serait donc due pour une très large part au milieu socio-économique, familial, culturel et territorial dans lequel ils vivent ».

« Dans l’enseignement secondaire, à situation sociale, familiale et scolaire comparables, les enfants d’immigrés atteignent plus fréquemment une seconde générale et technologique, obtiennent plus souvent le bac général et technologique sans avoir redoublé et sortent moins souvent sans qualifications que les enfants de personnes non immigrées. Ce constat reflète, toutes choses égales par ailleurs, des demandes et des perspectives familiales plus ambitieuses en termes d’orientation ».

On trouve le même constat dans l’étude de J-P Caille précédemment citée, ou dans d’autres études de la revue Education & Formations :

« Sept ans après l’entrée au collège, seul un peu plus d’un enfant d’immigré sur quatre prépare un baccalauréat général. (..) Mais à situation sociale et familiale comparable, les enfants d’immigrés ont des chances au moins égales à celles des autres élèves de préparer un baccalauréat général ».

« Les enfants d’immigrés sont parmi les élèves qui courent les plus grands risques de difficultés ou d’échecs scolaires, d’orientation vers les filières peu prestigieuses du système éducatif. Mais au sein des populations défavorisées, ils ont en moyenne une trajectoire scolaire plus positive que les autres élèves ».

C’est donc le paramètre socio-économique qui paraît déterminant (même si les facteurs culturels ne peuvent pas être négligés). Ce qui différencie le plus les différentes catégories de jeunes, c’est la situation des parents vis-à-vis de l’emploi [3]  Ainsi pour les étudiants d’origine française on ne dénombre que 2 % de chômeurs au moment où l’enfant met un terme à ses études supérieures, et 22 % d’inactifs avec une majorité de retraités. En revanche, pour les pères nés au Maghreb, les mises hors travail temporaires sous la forme du chômage ou sous une forme définitive comme la retraite ou l’invalidité sont fréquentes. Au total, 44 % des pères nord-africains étaient devenus des « travailleurs sans travail » à la fin des études supérieures de leur fils ou fille. On estime à 32 % la part des familles des jeunes originaires du Maghreb dans lesquelles aucun des deux parents ne travaille professionnellement à l’âge de l’entrée dans la vie active d’un des enfants. Ce cas de figure ne s’observe que dans 10 % des ménages dont les parents sont nés en France [4].

Des ambitions éducatives fortes

Si les jeunes issus de l’immigration font mieux que les autres, à conditions socio-économiques égales, c’est notamment que, dans les familles immigrées, les ambitions éducatives sont fortes. Ainsi les trois quarts des lycéens professionnels d’origine immigrée souhaitent poursuivre des études supérieures (en BTS ou DUT pour la plupart). Par ailleurs, on note un fort rejet de la condition ouvrière, et des projets professionnels marqués par une attirance plus grande vers les métiers commerciaux et administratifs, tandis que les jeunes de parents non immigrés préfèrent l’informatique et les télécommunications lorsqu’ils sont lycéens technologiques, ou la mécanique et le travail des métaux lorsqu’ils étudient en lycée professionnel. On a donc une situation contradictoire : les familles immigrées sont parmi celles qui attendent le plus du système éducatif et, d’autre part, elles appartiennent aux milieux sociaux les plus défavorisés et constituent l’une des populations les plus vulnérables à l’échec scolaire. Cette situation contradictoire peut engendrer une plus forte insatisfaction et des jugements plus négatifs sur le fonctionnement du système scolaire[5].

Des ousiders sacrifiés mais porteurs d’avenir

A partir de là, faut-il se laisser aller à un certain pessimisme, comme semble le faire le sociologue Stéphane Beaud[6] qui a produit d’intéressantes études[7] sur la question ? Je ne le crois pas. La « démocratisation scolaire » des années 85-95 a fait entrer dans l’enseignement supérieur un plus grand nombre de jeunes issus de l’immigration. Ils sont aujourd’hui plus du tiers à le fréquenter (contre 52% de jeunes d’origine française). Ce n’est pas rien ! Même si leurs résultats et leurs débouchés ne sont pas à la hauteur et engendrent de l’insatisfaction, il n’est pas du tout indifférent pour eux d’avoir passé du temps dans une université, surtout si c’est une véritable université et pas une antenne délocalisée. Plus de la moitié des filles d’origine maghrébine préparent un baccalauréat général ou technologique, contre un tiers des garçons, et leur réussite dans l’enseignement supérieur est meilleure. Il est un peu rapide de dire, comme Stéphane Beaud, que c’est peut-être « leur apprentissage de la soumission qui leur permet souvent de réussir beaucoup mieux » que les garçons, livrés à eux-mêmes sans la contrainte familiale des familles françaises. Dans des milieux traditionnellement marqués par la suprématie masculine, c’est quand même une petite révolution d’avoir des filles à l’université ! Mon expérience de professeur à l’université Paris 13 m’a fait fréquenter beaucoup de garçons et de filles issus de l’immigration. Je les ai trouvés attachants, le plus souvent soucieux de bien faire, plutôt plus coopératifs que les étudiants des années 70-80. Au-delà des diplômes obtenus ou ratés, ils représentent un capital humain inestimable. Ce sont des outsiders auxquels la société française devra faire leur place si elle ne veut pas s’enfermer dans son déclin. Mais c’est un fait que nous sommes aujourd’hui une société d’insiders qui sacrifie les nouveaux arrivants. On le voit de l’intérieur du système solaire et universitaire. On le voit aussi avec les stratégies d’évitement des quartiers populaires par les classes moyennes, qui n’ont jamais été autant développées et encouragées.

La désectorisation, approuvée par la droite et par la gauche, avec des justifications de « dames patronnesses », est à marquer d’une pierre noire. Certes la sectorisation était contournée, mais ce n’était pas une raison pour « ouvrir les vannes » et aggraver la ségrégation au lieu d’essayer de la contenir. Aujourd’hui, comme le note le HCI,  « dans certaines villes comme Clichy-sous-Bois, Aubervilliers ou La Courneuve, les trois quarts de la jeunesse est d’origine étrangère. Aussi, certains établissements scolaires accueillent une majorité d’élèves d’origine immigrée. Il n’est pas rare de voir des classes d’écoles primaires et de collèges entièrement composées d’élèves d’origine étrangère ». Dans les « zones urbaines sensibles » (ZUS), les élèves sont, pour leur grande majorité, issus de l’immigration. En effet, sur les 4,4 millions d’habitants des 751 quartiers ZUS, la part des immigrés y est de près d’un quart. Rappelons que 10% des collégiens français sont scolarisés en ZUS ; ce n’est donc pas un sujet marginal. De façon un peu hypocrite, le HCI affirme qu’il ne faut cependant pas rejeter l’assouplissement de la carte scolaire « car cela nierait les bienfaits que peuvent en tirer les élèves qui en bénéficient » ! Et le HCI-Ponce-Pilate rajoute que « la sectorisation des écoles primaires et l’affectation des élèves relèvent de la compétence des conseils municipaux, et que depuis la loi de 2004, les conseils généraux déterminent le secteur de recrutement des collèges ».

Le contexte international : d’autres pays font mieux.

Il est intéressant de replacer ce sujet dans le contexte international, et de mettre en parallèle les situations des différents pays en fonction de l’importance de leur population immigrée, de la structure plus ou moins ségrégative du système éducatif, de la politique mise en œuvre pour aider les élèves issus de l’immigration. En particulier 17 pays de l’OCDE comptent de fortes proportions d’élèves immigrés. L’enquête PISA 2009 indique que, dans tous les pays examinés sauf quatre, au moins 25 % des enfants issus de la deuxième génération d’immigrés fréquentent des établissements scolaires où les populations immigrées représentent plus de 50 % des effectifs. En comparaison, moins de 5 % des enfants autochtones se trouvent dans cette situation dans tous les pays sauf deux. Mais l’enquête souligne qu’il y a des pays qui font mieux que d’autres. PISA offre une occasion unique d’identifier les systèmes d’éducation qui réussissent à exploiter le potentiel des élèves issus de l’immigration. Ainsi, en Australie, les élèves de la deuxième génération qui représentent 12% de l’effectif d’élèves, devancent les élèves autochtones de 16 points. Au Canada où près de 25% des élèves sont issus de l’immigration, les scores sont aussi élevés chez ces derniers que chez les élèves autochtones. De même en République Tchèque, en Israël, en Irlande, au Portugal et au Royaume Uni.

Il y a plus. Les résultats de l’enquête PISA semblent indiquer que de fortes proportions d’immigrés n’entravent pas nécessairement leur intégration. Dans trois des pays d’immigration traditionnelle, l’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande, les élèves issus de l’immigration et les élèves autochtones fréquentent des établissements scolaires bénéficiant des mêmes ressources et dans lesquels règne un même climat. Dans certains pays, les performances des enfants immigrés de la deuxième génération sont beaucoup plus proches que chez nous de ceux des enfants autochtones et de la moyenne nationale[8], ce qui tend à montrer que la politique des pouvoirs publics peut faire une différence. Parmi les pays qui sont en bonne position au regard de ce critère, beaucoup ont en commun de s’être dotés de solides programmes d’aide à l’apprentissage de la langue dans le préscolaire et dans le primaire.

Les discriminations à l’embauche

Une intéressante étude faite en région PACA étudie les discriminations à l’embauche dont sont victimes les étudiants issus de l’immigration[9]. Au total, en 1998, 23 300 étudiants sont sortis de l’enseignement supérieur dans cette région. Les jeunes français d’origine sont au nombre de 19 000 et ceux d’origine maghrébine 2000.  Ces deux groupes s’opposent au regard du niveau d’éducation puisqu’au moins un descendant de l’immigration maghrébine sur deux quitte les formations supérieures en cours du premier cycle et sans en être diplômé, contre un sur quatre parmi les jeunes de parents nés en France.

Les contrats temporaires sont le lot commun des jeunes sortis de l’enseignement supérieur, avec ou sans diplôme. Mais pour les jeunes d’origine française les contrats temporaires représentent 63 % de l’ensemble des contrats qui leur sont proposés, tandis que pour les jeunes issus de l’immigration ces mêmes contrats s’élèvent respectivement à 70 % (Europe du sud) et à 75 % (Maghreb).

Selon les statistiques nationales, les hauts diplômés (au moins bac+4) de Seine Saint-Denis ont cinq fois moins de chances d’obtenir un entretien de recrutement que la moyenne nationale. C’est d’autant plus paradoxal que la Seine Saint-Denis connaît un boom économique en termes d’implantations d’entreprises dans certaines zones (Plaine Saint-Denis, Roissy…).  Mais les cadres de ces entreprises viennent d’ailleurs. Les jeunes diplômés du département pâtissent de leur adresse ou de leur nom à consonance étrangère. En 2005, Yazid Chir, président de NEOCLES, filiale d’Orange, porté à la tête du MEDEF 93, lance une opération de parrainage des diplômés locaux par des cadres dirigeants d’entreprises, en ciblant tout particulièrement ceux issus des ZUS. L’association « Nos quartiers ont des talents » est créée qui étend aujourd’hui ses activités à d’autres quartiers populaires, en Ile de France et ailleurs. Depuis sa création elle a suivi 5000 jeunes et se targue d’un taux de recrutement de 60% sur 6 mois. Sans vouloir porter de jugement général sur cette approche particulière des problèmes de l’emploi, l’opération « Nos quartiers ont des talents » démontre a contrario le caractère anormal et profondément injuste des difficultés d’embauche des jeunes diplômés issus de l’immigration. Dans ces conditions, stigmatiser l’échec scolaire ou universitaire quand on n’est pas capable de reconnaître la réussite est une belle hypocrisie.

Un peu de politique pour conclure

On voit qu’on est bien au-delà de la réussite ou de l’échec scolaire des élèves issus de l’immigration. Les jeunes issus de l’immigration sont, comme on l’a dit, des outsiders du système français. On ne peut résumer la question à une adaptation tranquille de cette population à un système qui n’est pas fait pour eux. La question est éminemment politique et conflictuelle. Certains à gauche ont réalisé que cette jeunesse pourrait jouer un rôle clé dans les prochaines élections. C’est notamment le point de vue développé par le think tank Terra Nova dans un texte iconoclaste intitulé « Gauche : quelle majorité pour 2012 ? » qui  a suscité beaucoup de polémiques.

Au-delà des aspects socio-économiques et éducatifs, il y a la dimension générationnelle et culturelle qui est bien mise en évidence dans le « Manifeste du pacte générationnel » récemment lancé à l’initiative de Bruno Laforestrie directeur de la radio « Générations »  dont le cœur est le Rap et la culture Hip Hop. Ce manifeste place les jeunes issus de l’immigration au cœur du débat politique. Il affirme à juste titre que le système français a la particularité de ne pas avoir anticipé, ni absorbé, le choc culturel lié à la nouvelle génération d’immigrés issue de son ancien empire colonial. « Plutôt que de considérer qu’une nouvelle culture était née dans les années 80 dans nos quartiers populaires et que cette culture était entrée en résonance avec un phénomène culturel mondial venu des Etats Unis, la Street Culture, nos élites culturelles ont relégué au rang des pratiques barbares et d’épiphénomènes les pratiques culturelles de toute une génération de plus en plus nombreuse (..). Elles sont passées ainsi à côté d’une nouvelle expression de la culture française ». Le manifeste note que la France est peut-être un des derniers pays au monde où la principale chaîne de télévision, quand il s’agit de présenter les chansons de l’année, n’invite aucun artiste de Rap sur ses plateaux, alors que ces derniers trustent les premières places de vente de disques. « Cette situation révèle tout simplement un apartheid, cette fois culturel, qui entretient l’idée de l’existence de deux France imperméables l’une à l’autre. Une première France blanche et traditionnelle qui s’opposerait à une nouvelle France jeune et métissée ! (..) La France déserte, progressivement et durablement, l’imaginaire collectif des jeunes africains ou des jeunes arabes, sans parler des brésiliens ou des chinois. Elle est en train de perdre le combat de la francophonie et de l’influence culturelle durable pour toute une génération de futurs consommateurs et leaders mondiaux ». Certes on peut voir dans ce manifeste les préoccupations d’un milieu culturel particulier. Mais il faut se rappeler que dans une région comme l’Ile de France, près d’un jeune de moins de 25 ans sur trois est issu de l’immigration. Comme le dit le manifeste, le discours véhiculé, à droite comme à gauche, sur une soi-disant « génération casquette basket wesh wesh » qui serait inadaptée à l’éducation scolaire et à l’emploi, apparaît comme l’expression d’une société refermée sur elle-même et ses élites, et comme une erreur lourde de conséquences.

Post-scriptum

On relira avec intérêt un article de Luc Bronner dans Le Monde du 6.06.10, intitulé « Washington à la conquête du 9-3 » qui raconte les initiatives américaines, sous l’égide de l’ambassadeur, en direction des banlieues françaises pour identifier les élites issues de l’immigration. L’article n’est plus en ligne sur le site du quotidien mais a été repris partout. On peut le retrouver par exemple ici.

 




[1] Voir notamment l’étude : J-P Caille “Perception du système éducatif et projets d’avenir des enfants d’immigrés”, Education & Formation (avril 2007). On y trouvera d’autres références, comme d’ailleurs dans le rapport du HCI.

[2] C’est la définition couramment utilisée par l’INSEE et l’INED. C’est aussi celle du rapport du HCI.

[3] Rapport du HCI

[5] J-P Caille. Ibid.

[7] S. Beaud : « 80% au bac…et après ? ». Editions La Découverte (2002)

[8] Dans la moyenne de l’OCDE, 27% des élèves de la deuxième génération ne parviennent pas au niveau 2 de PISA (élèves peu performants), mais ils sont 35% en France.