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La France au top ? Rien n’est moins sûr

On a beaucoup critiqué les classements internationaux d’universités, et à raison pour leur méthodologie très discutable[1] – à tort aussi parfois lorsque les critiques étaient surtout motivées par le désir de justifier les résultats médiocres des universités et écoles françaises. Le propos de ce court article est différent : prenant les classements pour ce qu’ils sont, il s’agit pour nous d’analyser un nouveau classement paru récemment, le classement « Alma Mater Index Global Executives »  du Times Higher Education (THE) et d’en tirer quelques remarques comparatives sur le recrutement des élites en France et dans les autres grandes puissances économiques, et tout particulièrement sur la place de la recherche dans les institutions y formant les élites[2].

Ce classement (ci-dessous dénommé « THE Alma ») répond à la question très simple suivante : Dans quelles universités les dirigeants des plus grosses entreprises mondiales ont-ils fait leurs études ? Les auteurs de cette étude ont donc pris en considération les 500 plus grosses entreprises mondiales, telles qu’elles sont répertoriées par le magazine Fortune dans son classement « Fortune Global » et ont répertorié la ou les universités où leurs PDG avaient fait leurs études (très souvent, les dirigeants ont deux diplômes, une licence (Bachelor) puis un master (par exemple un MBA). Par rapport aux autres classements, celui-ci a l’avantage d’une méthodologie transparente. Pour notre analyse sur la place de la recherche, nous avons utilisé, faute de mieux, les classements (contestables) existants.

I. La classement Fortune Global

Le classement de Fortune est très intéressant car il donne une mesure de la puissance économique des différents pays[3], mais aussi de la concentration du capital dans ces pays. Comme le montre le tableau 1 en annexe, on retrouve les plus grandes économies en haut du tableau par nombre d’entreprises dans le classement, ce qui n’est guère surprenant : les Etats-Unis sont en tête au nombre d’entreprises (132), puis vient la Chine (88), le Japon (62), l’Allemagne a égalité avec la France (29), le Royaume-Uni (26)… Mais les pays les plus puissants sur le plan économique n’ont pas nécessairement un nombre de très grosses entreprises en proportion de leur taille.

Regardons le ratio N/P du nombre N de très grosses entreprises par rapport au PIB P dans la colonne 4 du tableau 1 : le classement est très différent ; la Suisse est première, suivie dans l’ordre de : Argentine, Pays-Bas, Corée du Sud, France, Chine, Royaume-Uni, Japon, Allemagne, Etats-Unis…  On voit ainsi que la France se caractérise, parmi les dix plus grosses économies mondiales, par la plus forte proportion de très grosses entreprises.

II. Le classement THE Alma

Comme on l’a dit, le classement THE Alma classe les universités et écoles par nombre de leurs anciens étudiants qui dirigent ces entreprises, puis, en cas d’égalité, au chiffre d’affaire total des entreprises concernées. Dans ce classement, Harvard est première, avec 25 PDG (pour 31 diplômes attribués, et un chiffre d’affaire annuel global de 1550 milliards de dollars), et l’université japonaise Hosei 100ème, avec 2 PDG pour 59,6 milliards de dollars. Si l’on veut tirer quelque chose d’un tel classement, il nous paraît significatif de ne prendre en considération que les universités comptant au moins 4 PDG du Fortune 500 parmi leurs anciens ; en dessous, la mesure est trop instable. Ceci réduit à 27 le nombre d’établissements (suivent 20 établissements avec 3 PDG, puis 53 avec 2 PDG). On exclut ainsi l’Ecole des cadres du comité central du parti communiste chinois, qui n’a formé que 3 PDG, mais aussi l’université de Cambridge…

Le tableau 2 donne la liste de ces 27 écoles et universités (ainsi que d’autres données sur lesquelles nous ferons des commentaires plus bas). On y observe la domination des universités américaines, mais aussi une forte présence d’établissements japonais et français. Pour la France, le trio Polytechnique-HEC-ENA apparaît en excellente position, aux 4ème, 5ème et 6ème places, ce que n’a pas manqué de remarque le Monde, en publiant un article de Benoît Floch sur ce classement « La France au top dans la formation des patrons » (Site web du Monde, 25 septembre 2013).  

Il est en effet intéressant de se pencher sur les différences entre pays dans le classement THE-Alma. C’est ce que nous faisons dans le tableau 3, qui donne pour chaque pays le nombre d’établissements (universités ou écoles) dans les 27 premiers, et pour les 100 mieux classés. Seuls trois pays apparaissent de manière significative dans le classement des 27 premiers : les Etats-Unis, le Japon et la France. La place des Etats-Unis est un effet mécanique de la domination économique américaine : avec 132 entreprises dans le classement de Fortune, il est logique qu’on trouve un nombre important d’universités ayant formé leurs PDG. Mais la comparaison avec les suivants du classement des plus grandes puissances économiques : Japon, France, Allemagne et Royaume-Uni montre une concentration bien plus forte de la formation des élites économiques dirigeantes dans un petit nombre d’institutions au Japon, en Corée et en France, et au contraire une bien plus forte dispersion en Chine, Allemagne et au Royaume-Uni.

Regardons en détail quelques pays emblématiques, par ordre décroissant de concentration des élites :

  • La Corée a 3 établissements dans le tableau 3, dont 2 dans la colonne de gauche ; une analyse plus fine montre que deux d’entre eux, Seoul National University et Korea University, ont formé 12 PDG (8+4), Hanyang University en ayant formé encore 2. En tout, les PDG de 14 des 15 plus grosses entreprises coréennes proviennent de trois universités (93%).
  • Le Japon a 5 universités dans le classement 1-27, et 4 autres dans la suite du classement. Les 5 premières ont formé 37 PDG sur 62, dont  27 pour les trois premières. Compte tenu des profils de carrières au Japon (entrée précoce dans l’entreprise dans laquelle le futur PDG fait toute sa carrière)  on peut estimer que les 3 premières universités ont formé près de 45%  des PDG des très grande entreprises japonaises, l’université de Tokyo en formant à elle seule 20%.
  • Au Royaume-Uni, alors qu’on pourrait penser qu’Oxford et Cambridge dominent outrageusement la situation, c’est loin d’être le cas : seule Oxford est dans le haut du classement, seulement 21ème, avec 5 PDG, les trois autres universités classées étant Cambridge (45ème, 3 PDG), City University de Londres (89ème, 2 PDG) et Cranfield[4] (92ème, 2 PDG). La majorité des PDG britanniques sont donc issus d’universités ne figurant pas au classement THE-Alma, et les trois premières moins de 40%.
  •  Les Etats-Unis sont évidemment un cas à part, en raison de leur domination économique. Toutes les universités très bien classées ont une Business School également très bien classée parmi les Business Schools. Malgré tout, la dispersion est bien réelle : Harvard, première et de loin au classement, a certes formé 25 PDG ; mais cela ne représente que moins de 20% des PDG américains. On peut, sur la base de ces chiffres, et compte tenu de la double diplomation[5], estimer que les 12 universités américains classées dans les 27 du classement THE-Alma ont formé au plus 80 des 132 PDG du Fortune 50, et les trois premières au plus 33%. Une analyse plus fine permettrait de distinguer plus clairement le rôle respectif des « colleges » et des graduate schools, mais nous n’avons pas fait ce travail, nous contentant de renvoyer à l’étude  du magazine US News qui donne quelques éléments dans cette direction.
  • L’Allemagne a 6 universités dans le classement, mais aucune ne figure dans la colonne de gauche des institutions dominantes : des 6 universités qui ont formé le plus de PDG, aucune n’en a formé plus de 3, et elles ne comptent qu’au plus 16 anciens étudiants parmi les 29 PDG concernés. Les trois premières ont formé moins de 30% des PDG allemands.
  • La Chine est un cas à part : une croissance prodigieuse (la Chine n’avait que 29 entreprises dans le classement Fortune global de 2008, contre 88 aujourd’hui), et la quasi-disparition des universités pendant une période de 15 années à cause de la révolution culturelle. Une seule université chinoise est dans le classement 1-27, Tsinghua, et 16 dans le classement total. Les trois premières universités du classement n’ont formé que 15% des dirigeants d’entreprises chinois.  

III. La France dans le classement THE Alma

Regardons maintenant le cas de la France, qui est très intéressant du point de vue de la sociologie des élites. Le tableau 4 donne la liste complète des huit institutions française du classement THE-Alma.

Comme on le sait bien, le parcours des jeunes diplômés français des meilleures écoles passent par plusieurs écoles :  X + Mines, X + Ponts, IEP + ENA, HEC + ENA… ce qui explique que le nombre total de la colonne de droite du tableau (49) soit largement supérieur au nombre d’entreprises françaises dans le classement de Fortune (31). Pour mesurer plus précisément ce point, nous avons inclus le tableau 5, qui donne pour chacune des entreprises du classement le nom de son PDG et la formation qu’il[6] a reçue. Notons que les données globalisées du tableau 5 sont un peu différentes de celle du tableau 4 qui sont directement tirées du la publication THE-Alma[7]. Polytechnique apparaît 10 fois dans le tableau 5 contre 12 dans le classement THE-Alma ; HEC apparaît 10 fois contre 9, l’ENA 13 fois contre 9, le seul écart important concernant les Mines : 3 fois contre 6.

Ces deux tableaux mettent en évidence ce qu’on sait bien par ailleurs :  la concentration exceptionnelle du recrutement des élites françaises sur 3 établissements — Polytechnique, HEC et l’ENA, dont sont issus la quasi-totalité des PDG des entreprises françaises du Fortune global. Seuls six échappent à la règle : Georges Plassat, PDG de Carrefour, diplômé de l’école hôtelière de Lausanne et  titulaire d’un diplôme avancé de gestion hôtelière de Cornell, Jean-François Dubos, PDG de Vivendi, qui a une licence d’anglais et un DESS de droit, et Martin Bouygues, PDG de Bouygues, titulaire du seul baccalauréat, Fanck Riboud, PDG de Danone, est issu de l’EPFL de Lausanne, et Michel Landel est ancien élève de l’European Business School.   

Le classement ne nous apprend donc rien de neuf en ce qui concerne la France. Il nous montre en revanche autre chose : à quel point la France est, de ce point de vue, tellement à part parmi les grands pays occidentaux, avec une telle concentration du recrutement des élites. Dans le classement que nous avons amorcé dans la partie précédente, qui donne la proportion des PDG issus des trois premières universités, la France se classe 2ème derrière la Corée du Sud, avec 80% de PDG venant de Polytechnique-HEC-ENA, et très loin devant les grands pays occidentaux ainsi que de la Chine et du Japon.

IV. Formation des dirigeants économiques et recherche

Mais le classement THE Alma permet d’aborder une autre question : les institutions françaises au classement THE-Alma se distinguent par la place bien plus réduite de la recherche qu’ailleurs. Pour en avoir donner une idée plus précise, nous nous sommes référés à trois classements distincts : le classement de Shanghai, basé sur la seule recherche, le classement du Times Higher Education WUR, basé sur la une notation globale des universités sur l’ensemble de leurs missions, prenant donc en compte des facteurs multiples, parmi lesquels les débouchés dans le monde des entreprises et le classement similaire de Quackarelli-Symonds QS-WUR.

Nous avons regroupé les résultats dans les tableaux 6 à 8 : le tableau 6 donne, pour chacun des 27 établissements du classement THE-Alma leur classement dans les trois autres classements. Pour avoir une idée plus précise, nous avons fait le même travail pour les huit établissements figurant dans le classement (tableau 7), et pour tenir compte du faite que les institutions françaises ne sont pas pluridisciplinaires, nous avons, dans le tableau 8, regroupé les classements par grandes disciplines.

La lecture de ces tableaux montre deux choses :

  •  la règle générale internationale est que les dirigeants des plus grosses entreprises sont formés au sein d’universités pluridisciplinaires de recherche ;
  •  au contraire, les dirigeants français, sauf ceux qui sont passés par Polytechnique, sont issus d’établissements dans lesquels la place de la recherche paraît faible. Même lorsqu’on regarde les classements spécialisés, le diagnostic ne change pas de manière significative.

Pour mieux synthétiser cette analyse, nous avons regroupé les informations du tableau 6 dans le tableau 9, pays par pays, en donnant à chaque fois le classement national de l’institution. On voit donc que les douze universités américaines classées 1-27  sont presque toutes parmi les meilleures universités de recherche. Manquent dans la liste du THE-Alma 1-27 les grandes universités publiques (Berkeley, UCLA, San Diego, Michigan, Rutgers…), ce qui évidemment pose un autre type de problème sur le recrutement des élites.  Au Japon, on trouve aux trois premières places du classement THE-Alma deux des trois universités japonaises les mieux considérées pour la recherche, la troisième tant également très honorablement classée. En Corée, l’université nationale de Séoul domine tous les classements, et l’université de Corée est fort bien classée. Au Royaume-Uni, l’échantillon est très limité, mais Oxford est classée juste derrière Cambridge dans les classements internationaux.

La France fait donc exception : sauf Polytechnique, les institutions qui forment les dirigeants économiques du pays ne sont pas des universités de recherche. Où sont, dans ce classement, les grands centres de recherche des universités et des organismes de recherche ? A part Polytechnique, aucune des grandes universités françaises, mais pas non plus les Ecoles normales supérieures, ou l’ESPCI, ou l’EHESS, n’y figure[8] !

V. Conclusion

Le resserrement du recrutement des élites sur un tout petit nombre d’institutions pose trois  problèmes principaux.

a. La diversité sociale du recrutement des élites. Recruter les dirigeants dans le trio X-HEC-ENA est a priori biaisé socialement. On sait que l’accès aux grandes grandes écoles est conditionné par le passage par l’Institut des études politiques de Paris (pour l’ENA) ou les classes préparatoires de quelques grands lycées (pour Polytechnique et HEC). Et on sait bien que l’accès à l’IEP ou aux grandes prépas est surdéterminé socialement. Même s’il est important d’être lucide et donc ne pas avoir l’illusion qu’on pourrait complètement gommer du jour au lendemain l’effet des inégalités de capital culturel et social sur la réussite des étudiants, il est choquant que l’on n’agisse pas plus efficacement contre ces inégalités.

b. La diversité culturelle du recrutement des élites. Si nos PDG sont des « bêtes à concours », formés dans le moule de Science Po ou des classes préparatoires sur des programmes normalisés, produits remarquables, mais standardisés, où va-t-on chercher les individus capables de penser hors du cadre, ceux qui seront porteurs de innovations sociales et techniques de demain ? La France se félicite de refuser les fromages pasteurisés, mais elle ne semble pas se soucier d’être dirigée par des cadres parfaitement normalisés.

c. La proximité des élites avec la recherche. On s’interroge beaucoup sur les raisons pour lesquelles le transfert des résultats de la recherche vers l’innovation technique se fait particulièrement mal en France. Ne conviendrait-il pas de se demander si le fait de former les dirigeants et les chercheurs dans des institutions distinctes n’est pas, au moins en partie, responsable de cet état de fait ?

On doit élargir la question pour plusieurs raisons. D’abord parce que nous avons besoin du lien avec la recherche pas seulement dans les sciences dites dures, mais aussi dans les sciences humaines et sociales, pour penser les évolutions sociales, pour penser la vie dans un monde global  où cohabitent les langues et cultures distinctes. Mais aussi parce que la question de l’innovation ne se pose pas dans des termes simplistes, où les chercheurs feraient des découvertes, qu’il faudrait ensuite transférer vers les entreprises. L’innovation est un processus complexe, social autant que technique, qui implique des mises en réseaux entre différents acteurs sociaux : chercheurs, ingénieurs, banquiers, décideurs politiques… Se priver comme on le fait en France de la mise en réseaux qui s’opère de manière naturelle sur les bancs des universités et dans les cafés avoisinants entre étudiants aux devenirs divers est un très lourd handicap. 

Doit-on se réjouir de voir la France en haut de ce classement ? Rien n’est moins sûr.

 

 Annexes

 

Pays

Nombre d’entreprises

PIB du pays (données CIA 2012) en milliards US $

Nombre d’entreprises classés par 10^{12} dollars de PIB

Etats-Unis

132

15680

8,4

Chine

88

8227

10,7

Japon

62

5964

10,4

Allemagne

29

3401

8,5

France

29

2609

11,1

Royaume-Uni

26

2441

10,6

Corée du Sud

15

1156

13

Suisse

14

632

22,1

Pays-Bas

11

773

14,2

Canada

9

1819

4,9

Argentine  

8

475

16,8

Brésil

8

2396

3,3

Espagne

8

1352

5,9

Inde

8

1825

4,4

Italie

8

2014

4

Russie

7

2053

3,4

Tableau 1. Les 16 pays ayant le plus d’entreprises au classement Fortune Global 2013

Nom

Pays

Classement THE-Alma

Nombre de diplômes délivrés

Nombre de PDG formés

Université Harvard

USA

1

31

25

Université de Tokyo

Japon

2

14

13

Université de Stanford

USA

3

13

11

Polytechnique

France

4

12

12

HEC

France

5

10

9

ENA

France

6

9

9

Université de Pennsylvanie

USA

7

9

8

MIT

USA

8

9

7

Université Keio

Japon

9

8

8

Université nationale de Seoul

Corée

10

8

8

Université Cornell

USA

11

8

6

INSEAD

France

12

7

7

Université Tsinghua

Chine

13

7

7

Université de Chicago

USA

14

7

6

Université Northwestern

USA

15

7

6

Université Columbia

USA

16

6

6

Mines de Paris

France

17

6

6

Université de Kyoto

Japon

18

6

6

Université Yale

USA

19

6

6

Université Waseda

Japon

20

6

6

Université d’Oxford

Royaume-Uni

21

5

5

Université méthodiste du Sud

USA

22

5

4

Université de Californie du Sud

USA

23

4

4

Université Witwatersrand

Afrique du Sud

24

4

4

Université de New York

USA

25

4

4

Université de Corée

Corée

26

4

4

Université Chuo

Japon

27

4

4

Tableau 2. Les 27 premiers du classement THE Alma. La colonne 3 donne le classement THE-Alma, la colonne 4 le nombre de diplômes délivrés, la colonne 5 le nombre de PDG formés.

Pays

Nombre d’établissements classés 1 à 27 dans le classement THE-Alma

Nombre d’établissements classés 1 à 100 dans le classement THE-Alma

Etats-Unis

12

53

Japon

5

9

France

5

8

Corée du Sud

2

3

Chine (y compris Hong Kong)

1

16

Royaume-Uni

1

4

Afrique du Sud

1

2

Allemagne

0

6

Canada

0

3

Italie

0

3

Brésil

0

2

Suisse

0

2

Pays-Bas

0

2

Suisse

0

2

Tableau 3. Nombre d’universités ayant formé des PDG dirigeant les entreprises du Fortune Global par pays

Etablissement

Classement THE Alma

Nombre de PDG

Polytechnique

4

12

HEC

5

9

ENA

6

9

INSEAD

12

7

Mines de Paris

17

6

IEP

81

2

Ponts et chaussées

86

2

ESSEC

88

2

Tableau 4. Etablissements français figurant au classement THE Alma. Le nombre total de PDG (colonne de droite), 49, est largement supérieur au nombre d’entreprises françaises dans le classement de Fortune. Ceci s’explique surtout par la multiple diplomation (X-Mines, X-Ponts, IEP-ENA…) et aussi par les PDG d’origine française travaillant dans des entreprises non-françaises ou basées ailleurs qu’en France.

Société

PDG

Formation

GDF-Suez

Mestrallet

X + ENA

AXA

De Castries

HEC + ENA

Carrefour

Plassat

Ecole hôtelière Lausanne + Cornell

BNP

Prot

HEC + ENA

Société Générale

Oudéa

X + ENA

EDF

Proglio

HEC

Peugeot

Rambaud

X + ENSTA

Banque populaire Caisses d’épargne

Pérol

HEC +ENA

France Télécom

Richard

HEC+ENA

Auchan

Mulliez

HEC

Renault

Ghosn

X + ing. civil Mines

St Gobain

De Chalendar

ESSEC +ENA

CNP

Faugère

X + ENA

Vinci

Huillard

X + corps Ponts

Foncière EURIS

Naouri

ENS + ENA + Harvard

Sanofi

Weinberg

IEP + ENA

Véolia

Frérot

X + corps Ponts

Bouygues

Bouygues

Baccalauréat

SNCF

Pépy

IEP + ENA

Vivendi

Dubos

Licence d’anglais + DESS droit international

La Poste

Philippe Wahl

IEP    + ENA

Dior

Bernard Arnault

X

Air France

De Juniac

X + ENA

Schneider

Lachmann

HEC + Expert comptable

Michelin

Sénard

HEC + maîtrise droit

l’Oréal

Agon

HEC

Danone

Riboud

EPFL

Alstom

Kron

X + corps Mines

Sodexo

Landel

European Business School

EADS

Ranque

X + corps Mines

Tableau 5. PDG des entreprises françaises classées au classement Fortune global (source : Wikipédia, 29/09/2013).

Nom

Pays

Classement THE-Alma

Classement de Shanghai

Classement THE WUR

Classement Q&S

Université Harvard

USA

1

1

4

2

Université de Tokyo

Japon

2

21

27

32

Université de Stanford

USA

3

2

2

7

Polytechnique

France

4

201-300

62

41

HEC

France

5

NC

NC

 

ENA

France

6

NC

NC

 

Université de Pennsylvanie

USA

7

15

15

13

MIT

USA

8

4

5

1

Université Keio

Japon

9

301-400

351-400

193

Université nationale de Seoul

Corée

10

101-150

39

35

Université Cornell

USA

11

13

18

15

INSEAD

France

12

NC

NC

 

Université Tsinghua

Chine

13

151-200

52

48

Université de Chicago

USA

14

9

10

9

Université Northwestern

USA

15

30

19

29

Université Columbia

USA

16

8

14

14

Mines de Paris

France

17

401-500

226-250

 

Université de Kyoto

Japon

18

26

54

35

Université Yale

USA

19

11

11

8

Université Waseda

Japon

20

301-400

351-400

220

Université d’Oxford

Royaume-Uni

21

10

2

6

Université méthodiste du Sud

USA

22

401-500

351-400

651-700

Université de Californie du Sud

USA

23

47

56

125

Université Witwatersrand

Afrique du Sud

24

301-400

226-250

313

Université de New York

USA

25

27

41

44

Université de Corée

Corée

26

301-400

226-250

145

Université Chuo

Japon

27

NC

NC

 

Tableau 6. Place de la recherche et de la réputation académique globale pour les 27 premiers du classement THE Alma. La colonne 3 donne le classement THE-Alma, la colonne 4 le classement de Shanghai de 2013, la colonne 5 le classement « World University Ranking 2012-2013 » du Times Higher Education (THE-WUR), et la colonne 6 le classement « World University Ranking » de Quackarelli-Symonds (QS-WUR).

Etablissement

Classement THE Alma

Classement de Shanghai

Classement THE-WUR

Classe QS-WUR

Polytechnique

4

201-300

62

41

HEC

5

NC

NC

NC

ENA

6

NC

NC

NC

INSEAD

12

NC

NC

NC

Mines de Paris

17

401-500

226-250

NC

IEP

81

NC

NC

214

Ponts et chaussées

86

NC

NC

299

ESSEC

88

NC

NC

NC

Tableau 7. Classements basés sur la recherche des institutions française figurant au classement THE Alma 


Etablissement

Classement THE Alma

Classement de Shanghai  Sciences de l’ingénieur

Classement THE WUR Science de l’ingénieur

Classement de Shanghai  Economie-gestion

Classement THE Sciences sociales

Polytechnique

4

101-150

29

NC

NC

HEC

5

NC

NC

101-150

NC

ENA

6

NC

NC

NC

NC

INSEAD

12

NC

NC

35

NC

Mines de Paris

17

NC

NC

NC

NC

IEP

81

NC

NC

NC

NC

Ponts et chaussées

86

NC

NC

NC

NC

ESSEC

88

NC

NC

NC

NC

Tableau 8. Classements basés sur la recherche par grand domaine de spécialisation des institutions française figurant au classement THE Alma

Nom

Pays

Classement THE-Alma

Rang parmi les institutions du pays (classement de Shanghai) 

Rang parmi les institutions du pays (classement THE-WUR) 

Rang parmi les institutions du pays (classement Q&S)

Université Harvard

USA

1

1

3

2

Université de Stanford

3

2

2

3

Université de Pennsylvanie

7

13

11

8

MIT

8

4

4

1

Université Cornell

11

11

13

10

Université de Chicago

14

8

7

5

Université Northwestern

15

22

14

15

Université Columbia

16

7

10

9

Université Yale

19

9

8

4

Université méthodiste du Sud

22

132-149

107

NC

Université de Californie du Sud

23

33

33

37

Université de New York

25

20

25

18

Université de Tokyo

Japon

2

1

1

1

Université Keio

9

12

12

9

Université de Kyoto

18

2

2

2

Université Waseda

20

15

13

11

Université Chuo

27

NC

NC

NC

Polytechnique

France

4

11

2

2

HEC

5

NC

NC

NC

ENA

6

NC

NC

NC

INSEAD

12

NC

NC

NC

Mines de Paris

17

19

9

NC

Université nationale de Seoul

Corée

10

1

2

1

Université de Corée

26

6

6

5

Université Tsinghua

Chine

13

NC

2

2

Université d’Oxford

Royaume-Uni

21

2

2

4

Université Witwatersrand

Afrique du Sud

24

2

2

2

Tableau 9. Rangs des institutions classées 1 à 27 dans le classement THE-Alma parmi les institutions du pays dans les divers classements basés sur la recherche (exemple : Yale, 19ème au classement THE-Alma, est classée respectivement 9ème, 8ème et 4ème parmi les universités américaines dans les classements de Shanghai, THE-WUR et QS-WUR).

Etablissement

Classement THE Alma

Rang parmi les institutions françaises dans  le classement de Shanghai

Rang parmi les institutions françaises dans  le classement THE « WUR »

Rang parmi les institutions françaises dans  le classement

Q&S

Polytechnique

4

11

2

2

HEC

5

NC

NC

NC

ENA

6

NC

NC

NC

INSEAD

12

NC

NC

NC

Mines de Paris

17

19

9

NC

IEP

81

NC

NC

6

Ponts et chaussées

86

NC

NC

13

ESSEC

88

NC

NC

NC

Tableau 10. Rangs des institutions françaises apparaissant dans le classement THE-Alma parmi les institutions du pays dans les divers classements basés sur la recherche (exemple : l’Ecole des mines de Paris, qui est 17ème dans le classement THE-Alma, est 19ème parmi les institutions françaises classées au classement de Shanghai, 9ème parmi les institutions françaises classées au classement THE-WUR, et non classée au classement QS-WUR.




[1]Voir par exemple l’article d’Yves Gingras « Le classement de Shanghai n’est pas scientifique » (La Recherche n°430, 2009), ou notre note de 2011 sur ce même blog « Les bizarreries du classement Q&S pour les mathématiques ».

[2]Dans un article sur le classement Alma-THE,  « La France au Top » (Le Monde du 25 septembre 2013), le journaliste Benoît Floch s’est surtout intéressé à un autre aspect de la question : estimant que l’étude THE-Alma montrait la bonne santé du système de recrutement des élites en France, il s’interrogeait sur le revers de la médaille, c’est-à-dire sur la mise en échec d’une fraction importante de la jeunesse dans le système scolaire.    

[3]Avec une réserve : les sociétés sont rattachées aux pays dans lesquels leurs sièges sociaux sont installés, ce qui ne coïncide pas  nécessairement avec le ou les pays où l’activité est la plus forte : ainsi, EADS est basée aux Pays-Bas, Arcelor-Mittal au Luxembourg…

[4]L’université de Cranfield est réputée pour ses départements d’aéronautique, automobile et gestion.

[5]Aux Etats-Unis, l’obtention d’un master professionnel dans une Business School ou une Law School après le premier diplôme de bachelor est très fréquente, bien plus que dans les pays asiatiques.

[6]En l’occurrence, l’emploi du pronom « il » n’est pas un masculin utilisé pour un neutre : la totalité des PDG de la liste sont des hommes. 

[7]La possibilité que des Français dirigent des entreprises répertoriées comme étrangères ne peut pas expliquer totalement cet écart.  

[8]A cet égard, on ne peut qu’être surpris de l’assertion de Benoît Floch dans l’article mentionné à la note 2 : « Outre Polytechnique, HEC et l’ENA, on retrouve d’ailleurs dans le palmarès du THE tous les fleurons de l’enseignement supérieur français : l’Insead, Mines ParisTech, Sciences Po Paris, Ecole des Ponts ParisTech et l’Essec. »