Archive for avril, 2011

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Faut-il amender la LRU et comment ?

Je ne crois pas que la longue marche des universités françaises vers l’autonomie pourra tourner court, en dépit de graves défauts de la LRU. D’abord son application est trop avancée et les établissements s’y sont déjà engagés, en dépit des discours, d’une façon qui n’est plus totalement réversible. La LRU est entrée dans les mœurs, souvent à l’initiative ou avec l’appui des présidents qui la combattaient le plus.

Je suis de ceux qui pensent qu’il faut l’infléchir sur un certain nombre de points, mais faut-il, pour cela, changer la loi ? S’agissant d’autonomie, tout n’est pas dans la loi. Ceci est vrai dans tous les pays. Au-delà des dispositions législatives et règlementaires, l’autonomie est une culture[1]. En France, tout changement législatif donne lieu à de vives protestations. Indépendamment de la légitimité éventuelle de ces protestations, on a un blocage du dialogue et on tombe dans une logique du tout ou rien. Aujourd’hui une refonte radicale de la LRU désorienterait les établissements. A l’opposé, on a l’exemple de changements profonds qui n’ont pas fait l’objet d’une législation nouvelle, comme par exemple l’introduction du contrat d’établissement. Dans cette approche, tout n’est pas fixé d’avance ; on se contente d’ouvrir des portes, et le processus qu’on a initié acquiert progressivement ses règles. C’est cependant bien différent de la pratique hypocrite en usage aujourd’hui qui consiste à prétendre ne pas changer les règles, mais à tolérer que les plus malins s’en affranchissent[2].

Il faudrait déterminer ce qui, dans la LRU, doit être modifié de façon directive et uniforme, et ce qui pourrait être proposé à une modulation de la part des acteurs. Sur bien des points, on pourrait ouvrir des possibilités que les universités seraient libres de saisir ou pas. Le choix entre ces deux procédures est évidemment conditionné par des considérations politiques.

Les universités n’ont pas disposé d’un temps suffisant « d’appropriation » de l’autonomie accordée par la LRU. Il y a d’abord eu un grand mouvement de refus des réformes, de la part des enseignants chercheurs, qui s’est focalisé sur les questions de statuts : on ne peut pas nier certaines contradictions objectives qu’il y a entre un statut de la fonction publique et l’autonomie. Il y a eu par ailleurs une avalanche de projets qui relèvent davantage de la planification centralisée que de l’autonomie : Plan campus, RTRA, PRES, Initiatives d’excellence[3]… Les comportements que ces projets ont engendrés n’ont guère contribué à développer la culture d’autonomie. Les réponses aux appels d’offre ont été élaborées par de petits groupes, par-dessus les départements et les conseils élus ; ceci d’autant plus que les périmètres des projets pouvaient être assez artificiels, et que leurs cahiers des charges pouvaient paraître assez étrangers à la vie scientifique des entités concernées, et déconcerter bien des universitaires. Bien souvent les établissements ont fait appel à des consultants privés pour répondre aux appels d’offre. Ajoutons que les procédures de sélection des projets ont accentué le caractère décalé de ces opérations par rapport à la réalité scientifique et institutionnelle. Les experts étrangers ne possédaient peut-être pas une connaissance suffisante du contexte universitaire national.

Les statuts des PRES, des EPCS[4]… sont souvent bien artificiels aussi, quand ce ne sont pas des « usines à gaz »[5]. Lorsqu’il s’agit de fusion, la difficulté est de respecter tout ce qui fait la vie réelle des universités existantes. Lorsqu’il s’agit de PRES, d’EPCS ou même de fondations de coopération scientifique, la question se pose de l’équilibre entre les structures de gouvernance confédérale, les dispositifs de mutualisation, et la vie propre des universités partenaires dotées de leur nouvelle gouvernance. En tout cas, les projets fédératifs ont eu l’effet d’anesthésier le mouvement vers l’autonomie à l’intérieur des universités.

Il y a ce paradoxe d’une loi qui prétend instaurer l’autonomie des universités et, tout de suite après, l’accumulation d’obstacles à cette autonomie, et les freins de toute nature mis à son exercice. Une autonomie sans marges de manœuvre budgétaires n’a pas beaucoup de portée. En attendant que les universités rassemblent d’hypothétiques fonds privés (cela prend du temps : des universités comme Harvard ont mis des années à accumuler leur endowment), la masse salariale transférée aux établissements est calculée de façon si contrainte que certains se trouvent déjà en difficulté.

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France : Liberté, Egalité, Fraternité - But not yet !

Le titre est repris d’un article paru sur un site anglosaxon, qui était consacré aux inégalités du système éducatif français. Cette formule ironique fait assez mal car elle résume une réalité qui nous saute au visage à la lecture de toutes les enquêtes internationales sur le sujet : nous avons un système profondément inégalitaire, à tous les niveaux, alors que nous nous targuons d’un idéal égalitariste. Cette question des inégalités scolaires et universitaires devrait être une priorité pour tous ceux qui veulent un changement politique. Mais la question n’est pas si simple[1].

Un cabinet canadien « Higher Education Strategy Associates » a publié un classement des différents pays du point de vue du caractère « abordable » (financièrement) et « accessible » (socialement) du système d’enseignement supérieur dans ces différents pays[2]. Le fait de produire un palmarès - un de plus - est sans doute contestable, d’autant plus que les données nationales sur ces questions sont très hétérogènes. Les auteurs reconnaissent cet état de choses, mais ils s’abritent derrière la transparence de leurs sources. Cependant l’étude fait apparaître quelques grandes tendances.

Du point de vue de l’égalité des chances (accessibility) les auteurs de l’étude introduisent un Education Equality Index (EEI) qui fait intervenir le niveau éducatif des parents des étudiants. Un score EEI élevé indique que les caractéristiques de la population étudiante sont proches de celles de la population totale, tandis qu’un score EEI faible indique que les étudiants sont davantage des fils de familles éduquées. On constate que la France est très mal classée ; elle fait beaucoup moins bien que les Pays-Bas ou la Finlande, et même que les USA dont le bon chiffre contraste avec le fait que les études universitaires y sont plutôt chères.  En résumé, en France, l’université est gratuite mais la proportion d’étudiants dont les parents ne sont pas diplômés du supérieur est plus faible que dans bien des pays.

On a affaire à un processus de sélection cumulatif qui commence à l’école primaire et au collège[3]. Pour le collège on peut se référer aux enquêtes PISA[4]. L’Ecole de la deuxième chance de Marseille organisait le 2 avril dernier une conférence, destinée aux éducateurs,  sur « les enseignements à tirer des études PISA en matière d’efficience et d’équité des systèmes éducatifs ». Cette conférence était intéressante par son caractère libre. J’y ai animé un atelier sur le thème « PISA et l’égalité des chances ». Les réflexions qui suivent en sont un écho indirect et tout à fait personnel. Observateur plus qu’acteur, j’ai été à deux reprises chargé de mission dans les établissements secondaires de Seine Saint-Denis. A la fin des années 90, j’avais eu l’occasion de visiter tous les lycées et une grande partie des collèges du département. La situation y était difficile ; elle s’est encore détériorée depuis et, avec le coup de grâce de l’assouplissement de la carte scolaire, les inégalités ont atteint un niveau inacceptable. Or, les études PISA le montrent bien, le statut économique, social et culturel collectif (de l’effectif d’élèves) des établissements a nettement plus d’impact sur la variation de performance que le profil socio-économique individuel des élèves.

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Idex : un jour aux courses

un jour aux courses
Coiffé sur le poteau, son Idex n’a pas gagné le jackpot. Il aurait mieux fait de jouer aux machines à sous !
Un retraité de 59 ans a gagné la somme record de 9 420 903 euros après avoir misé 1,50 euro sur une machine à sous d’un casino breton.


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