Entre 2004 et 2009, le classement des universités de Quacquarelli Symonds (Q&S), société privée basée à Londres qui conseille les étudiants “à haut potentiel” pour leurs études et leurs carrières, était produit pour le compte du Times Higher Education de Londres, et était publié comme classement du Times (classement THE). Mais depuis 2010, les classements de Q&S et THE sont distincts. Le classement Q&S 2010, qui vient de sortir, donne des résultats surprenants, comme on le verra ci-dessous dans le cas des mathématiques. Dans cette note, je discute quelques questions que cela pose.
C’est le Times Higher Education qui a décidé, en 2009 de changer de méthodologie (et de partenaire) pour son classement. Sa rédaction estimait que la méthode précédente, basée en grande partie (40% du score total) sur la réputation des institutions était biaisée, notamment par la taille trop réduite du panel consulté. A l’issue d’une vaste consultation, elle a réactualisé ses critères, et choisi un nouveau partenaire, Thomson Reuters, la société qui produit, entre autres, le Science Citation Index[1]. Les nouveaux critères incluent encore la réputation, et Thomson Reuters fait appel à Ipsos pour cette partie de l’étude. Parmi les autres aspects pris en compte figurent la bibliométrie, l’internationalisation du corps enseignant…
La réputation, qui compte pour 50% dans le classement de Q&S, est établie en interrogeant un panel d’universitaires, chercheurs, mais aussi de responsables des ressources humaines d’entreprises du monde entier : 15 000 universitaire et 5 000 DRH. On demande à chaque expert de dire à quel grand champ disciplinaire il appartient ; il y en a cinq : sciences de la nature, bio-médecine, technologie, sciences sociales, humanités et arts. Puis chaque expert classe jusqu’à trente institutions qui lui paraissent être les meilleures dans son domaine. En ce qui concerne les DRH, on leur demande dans quelles universités ils recrutent en priorité. L’autre moitié de l’évaluation se base sur des indicateurs objectifs : nombre de professeurs/chercheurs étrangers, nombre d’étudiants étrangers, et évidemment bibliométrie (établie en partenariat avec l’éditeur scientifique Elsevier).
L’enquête Q&S a l’avantage, si l’on peut dire, d’inclure un classement particulier pour les mathématiques. Dans la mesure où les mathématiques ne sont pas identifiées comme un domaine disciplinaire, cela peut paraître problématique (qui sont les experts appelés à donner leur opinion sur les départements de mathématiques ?), mais ils ont bien publié un classement. A contrario, THE ne publie pas de classement en mathématiques autre que celui qui est basé entièrement sur la bibliométrie ; nous nous y arrêterons un peu plus loin.