La ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a annoncé son intention de proposer à nos partenaires européens l’établissement d’un classement des universités[1]. Ce sera l’un des chantiers de la présidence française de l’Union Européenne qui débute en juillet. Les critères de ce classement devraient être définis dès le mois de septembre. Une conférence sera organisée à Nice, les 13 et 14 novembre 2008 sur les indicateurs de comparaison internationale.
APRES SHANGHAI
L’histoire commence en 2003 lorsqu’un petit groupe de chercheurs de l’université Jiao Tong de Shanghai publie le premier classement mondial des universités. Ce classement a un succès médiatique immédiat qui ne s’est pas démenti par la suite. La France est l’un des pays où l’intérêt a été le plus grand et les réactions les plus vives. Quelques titres de presse sont assez éloquents : « Le classement infamant des universités françaises » ; « Les universités françaises à la traîne dans le classement mondial »[3] ; « Les universités françaises toujours à la traîne »[4] ; etc …
En 2007, on compte 22 établissements français dans la liste des 500 « meilleures universités » du monde, et 4 seulement font partie du top 100. Ce classement se base exclusivement sur la recherche (nombre de prix Nobel, nombre de professeurs figurant dans la liste ISI des chercheurs les plus cités[5], …). C’est un choix délibéré car, pour les chercheurs de Jiao Tong, seules les données de recherche sont suffisamment fiables et internationalement comparables pour faire un classement universel. Ils considèrent comme quasiment impossible de comparer les conditions et la qualité de l’enseignement sur une base mondiale, à cause des différences considérables de systèmes et de cultures qui existent entre les pays.
Nul n’a fait remarquer qu’avec le faible nombre de prix Nobel français, il était de toute façon difficile de figurer en haut du classement. Rappelons que dans les cinquante dernières années, sur 350 prix Nobel attribués, la France en a reçu 10 tandis que les USA en avaient 195 et le Royaume-Uni 45. Par ailleurs, ce classement favorise considérablement les sciences et les universités de langue anglaise qui sont sur-représentées dans l’index « HiCi » de ISI. Ainsi, par exemple, cet index affiche 168 chercheurs pour Harvard et 132 pour Stanford, contre 138 pour toute la France…
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