Archive for mai, 2015

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Vive la liberté pédagogique !

Auteurs : Jean-Pierre Boudine, Antoine Bodin (auteurs de « Le Krach Educatif, 32 propositions pour tenter de l’éviter », L’Harmattan, 2011), Christian Duhamel.

 Qu’une réforme du Collège, ou de quoi que ce soit dans l’Ecole, subisse dès son adoption, le feu croisé de toutes les tendances politiques, syndicales et pédagogiques, c’est dans notre pays un rite obligé. Comme les autres à peu de choses près, celle que porte Najat Vallaud Belkacem est dite trop élitiste, trop démagogique, trop à gauche, trop à droite, catastrophique et insignifiante.

Certains reproches sont d’assez mauvaise foi : la réforme sacrifierait l’enseignement du grec, du latin, de l’allemand. Très peu d’élèves, en réalité, étudient le grec ancien, guère plus le latin, et parmi eux une infime minorité en tire un réel profit culturel. Les jeunes qui se destinent à des études profondes de lettres classiques étudieront le vieux français à l’Université. Il n’y aurait rien de très scandaleux à ce que, de même, l’étude du grec et du latin soit pour l’essentiel renvoyée à l’Université. Ce que prévoit la réforme, c’est à dire l’introduction d’une option consacrée aux langues et cultures de l’antiquité accessible à tous les collégiens semble au moins aussi utile. Cela permettrait d’une part à une proportion loin d’être négligeable de la population d’avoir acquis une connaissance de l’importance des civilisations grecque et latine dans le développement de la culture, et d’autre part aux plus motivés des élèves, quelle que soit leur origine sociale, de poursuivre ou reprendre ultérieurement l’étude du grec ancien et/ou du latin.  La proportion d’hellénistes  et de latinistes dans la population française n’en serait a priori pas affectée, pas plus que celle des futurs philosophes aptes à bien connaître la Grèce antique.  On peut même penser que plus nombreux seront celles et ceux en  ayant acquis une meilleure connaissance. Finalement motiver un élève avant qu’il entreprenne un apprentissage loin d’être aisé, est-ce un crime ? 

Concernant l’enseignement de l’Allemand (qui est dite la « Langue de Goethe », et non la « Langue de Madame Merkel », allez savoir pourquoi), on pourrait dire la même chose : les rares élèves qui étudient l’Allemand jusqu’à être capables de le parler, avec cette réforme … le pourront encore.

Quoiqu’il en soit, la langue internationale, celle qui est la plus utilisée pour le tourisme, dans les professions scientifiques et pour tout ce qui concerne la circulation de l’information, c’est l’anglais. D’autres langues sont parlées par beaucoup de monde : l’espagnol, l’arabe, le mandarin… On sait, et les enquêtes internationales le confirment que les jeunes français sont parmi les jeunes du monde qui pratiquent le plus malaisément cette langue internationale, l’anglais. On peut considérer, même si on peut le regretter, que, les choses étant ce qu’elles sont, la France perd beaucoup de positions dans les négociations commerciales comme dans les grands programmes de coopérations multilatérales faute de spécialistes français possédant suffisamment bien la langue anglaise, fut-elle au niveau du « globish ». N’est-ce pas un sujet de préoccupation plus réel ?

Un autre type de critique qui est adressé à la réforme concerne les fameux 20% du temps scolaire dont la conception est laissée à l’équipe pédagogique de chaque établissement. Il s’agit en principe d’enseignements et d’activités interdisciplinaires, donc pouvant faire intervenir, dans un même projet, des enseignements scientifiques, littéraires et technologiques.

Que disent les critiques ? D’une part, ils relèvent avec inquiétude le flou de cette définition. D’autres ou les mêmes déprécient le concept d’enseignement pluridisciplinaire autour d’un projet : ce serait de la bouillie pour les chats. Enfin, ils y voient une source d’inégalités : certains projets seront meilleurs que d’autres, et par suite, certains élèves seront favorisés.

Ces objections sont incontestablement fondées, d’autant que, peut-être, certains établissements sauront nouer des partenariats tandis que d’autres y répugneront, si bien qu’une inégalité de moyens viendra renforcer les écarts de qualité.

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Un manifeste européen pour l’évaluation de la recherche

C’est à la suite de la 19ème conférence internationale sur les indicateurs en science et technologie, qui s’est tenue à Leiden (Pays-Bas) en septembre 2014, qu’a été publié un « manifeste pour la mesure de la recherche »  C’est la première fois que des experts appartenant aux observatoires scientométriques européens publient un tel document qui se veut une plateforme pour l’évaluation de la recherche, au terme d’une réflexion engagée depuis plusieurs années, notamment en France par l’OST. Ce manifeste formalise des critiques sur la bibliométrie qui a pris une telle importance depuis quelques années dans la conduite et le financement de la recherche et propose d’en tenir compte dans le travail d’évaluation. Ces critiques ne sont pas nouvelles[1], mais elles s’accompagnent ici de propositions pour les méthodes d’évaluation et le travail des experts.

Le constat qui est fait est que « les évaluations ne sont plus fondées sur des réflexions mais sur des indicateurs » et les rédacteurs ne craignent pas d’affirmer : « Nous avons observé avec une inquiétude grandissante le mauvais usage des indicateurs dans l’évaluation de la performance scientifique ». Le manifeste propose « un condensé des bonnes pratiques » et formule dix principes qui paraissent à la fois raisonnables et ambitieux. L’application pratique de ces principes reste le plus souvent à préciser. Cet article est un commentaire critique des propositions de ce manifeste, qui souligne seulement quelques questions auxquelles il faudrait répondre pour rendre ces propositions moins théoriques.

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