Archive for mars 6th, 2017

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Quelques réflexions en contexte politique

L’élection présidentielle française donne lieu à des échanges et des rebondissements tous azimuts. Mais, dans les programmes des candidats, on trouve assez peu de propositions significatives pour les universités. Pourtant il y aurait beaucoup à dire d’un point de vue démocratique. Tous les observateurs s’accordent en effet pour dire que la France est championne des inégalités dans l’enseignement supérieur.

Lors d’un colloque intitulé « Quel enseignement supérieur pour la France en 2020 », Sybille Reichert, chancelière de l’université Friedich-Alexander d’Erlangen-Nürnberg, déclarait : « En France, il y a une séparation entre la formation de l’élite et ce qu’on appelle « mass éducation »  qui est très stricte. On voit peu de passerelles entre le système général et la formation des élites »[1]. Parallèlement elle souligne que « le recrutement des universitaires et chercheurs est beaucoup trop interne du point de vue international ». 

Au dernier classement PISA, la France est arrivée 26ème sur 70 pays, largement devancée par exemple par l’Allemagne et le Royaume Uni. Mais surtout, près de 40% des élèves issus de milieux défavorisés sont en difficulté, écrivent les statisticiens de l’OCDE. Ce classement dessine une France qui est efficace pour une majorité d’élèves, mais laisse une forte minorité sur le carreau. De plus, au fil des classements, cette minorité augmente.

Le rapport du Comité « France Stratégie » sur le coût économique des discriminations souligne l’enjeu économique de la question, sachant que les gains associés à la formation ne se manifestent que dans la durée. Ainsi des travaux américains montrent que l’amélioration de l’accès des femmes et des noirs aux postes essentiellement occupés par des hommes blancs, serait à l’origine de 15% à 20% de la croissance des Etats-Unis depuis les années soixante. Quelles que soient les objections que l’on peut faire à ce travail, il souligne le fait qu’il n’y a pas de contradiction entre équité et réformes économiques porteuses de prospérité. Selon ce rapport, la réduction des écarts de taux d’emploi et d’accès aux postes élevés entre population de référence et populations discriminées permettrait un gain de près de 7% du PIB.

En France, la moitié des bacheliers provient aujourd’hui de familles dans lesquelles aucun des parents n’était titulaire de ce diplôme. Pour ces jeunes bacheliers « de première génération », l’accès au baccalauréat reste très lié aux différences de situations familiales et de niveau d’acquis à l’entrée en sixième. Ils ne représentent que 15% des entrants en classe préparatoire aux grandes écoles, alors que 62% des entrants en sixième en 1995 n’avaient aucun parent bachelier.[2]

Alors que neuf bacheliers « de père en fils » sur dix s’inscrivent dans l’enseignement supérieur, ce n’est le cas que de trois bacheliers « de première génération » sur quatre. Les bacheliers « de première génération » ont, dans leur majorité, accédé au baccalauréat par la voie technologique ou professionnelle. Tandis que les bacheliers « de père en fils » poursuivent en plus grand nombre dans une école recrutant après le baccalauréat ou une CPGE (19% s’inscrivent dans cette filière, contre 6% des bacheliers « de première génération »[3]

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