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De l’excellence chez les voyous

Le mathématicien franco-vietnamien Ngô Bao Châu, aujourd’hui professeur à l’université de Chicago, après un passage à Orsay et à Princeton, a obtenu en 2010 la prestigieuse médaille Fields. Il faut savoir quand même qu’après l’Ecole normale supérieure et la thèse, il a commencé sa carrière de chercheur au laboratoire de mathématiques de l’Université Paris 13 à Villetaneuse où il est resté pendant 7 ans jusqu’en 2004, année où il reçoit (avec Gérard Laumon) le très prisé Clay research award. Cette nouvelle médaille Fields française n’est évidemment pas passée inaperçue et a été célébrée dans de nombreux médias. Mais nombre d’entre eux ont passé sous silence l’université dans laquelle Ngô Bao Châu a passé son habilitation à diriger des recherches (HDR), a organisé des séminaires et où ses recherches ont fait un pas décisif.  En effet, cela fait désordre d’annoncer qu’une médaille Fields sort d’une université implantée en Seine Saint-Denis, dans un panorama médiatique de voyous qui brûlent les voitures et caillassent les flics.  La crédibilité de la politique dite des « pôles d’excellence » (qui vise à concentrer le système universitaire sur un petit nombre de pôles) en prend  aussi un coup si l’on apprend que d’excellents chercheurs prospèrent au milieu des cités. Certes on ne parle ici que de mathématiques qui n’ont pas besoin de grands instruments coûteux comme la physique ou la biologie, mais quand même… Ngô Bao Châu, lui, reste fidèle à son laboratoire et à son ancienne université où il reviendra le 19 novembre prochain fêter sa médaille Fields avec les universitaires et les scolaires du nord parisien et d’ailleurs…