Archive for juin, 2010

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Une clôture républicaine

Il n’est pas d’usage que les universitaires de base consultent les appels d’offres pour travaux des universités, qui sont publiés par les journaux et les sites spécialisés. C’est parfois dommage ! Ainsi ils auraient découvert que l’université Paris 13 publiait un appel d’offres pour la réalisation d’une « clôture républicaine » de ses campus. Il s’agissait en fait de la clôture qui a fait l’objet ici d’un article critique « Fièvre obsidionale à Villetaneuse ».

L’intitulé de cet appel d’offres a de quoi rendre perplexe ou faire sourire. Il ne figurait pas dans la délibération du Conseil d’administration de l’université qui a approuvé le projet à la sauvette, en dépit d’une forte opposition. Il suscite quand même une réflexion sur l’usage de l’adjectif « républicain ». On connaît l’ambigüité de cet adjectif[1]. En principe il s’oppose à « despotisme » et à « totalitarisme ». Malheureusement on sait ce que valent les républiques démocratiques et les démocraties populaires. Sur un mode moins dramatique, on a « l’élitisme républicain » dont le caractère inégalitaire n’est plus à démontrer[2]. L’historienne Mona Ozouf souligne qu’aujourd’hui l’adjectif « républicain » est partout : « Mais la radicalité nouvelle attachée à l’adjectif républicain s’accommode de bien des flottements dans sa définition. Il recouvre souvent des crispations qui ne disent pas, ou ne veulent pas dire leur nom : rejet de l’Islam, de l’Europe, des revendications régionales et de leurs droits culturels, du système fédéral, du libéralisme enfin »[3]. Dans le cas qui nous occupe, ce serait plutôt la crispation sur les jeunes exclus qui menacent la tranquillité d’une université en milieu populaire…

Plus prosaïquement, dans cet appel d’offres, l’adjectif « républicain » peut être vu comme « un sédatif destiné à endormir la méfiance » que peut susciter l’idée même de cette clôture qui coupera l’université de son territoire. En prélude aux « Etats généraux du renouveau » de Grenoble, Stéphane Gatignon, maire de Sevran, conseiller général de Seine Saint-Denis, communiste en rupture de ban, écrivait : «Nous vivons à la fois la fin de l’indivisibilité de la République et celle de l’Etat providence à partir desquelles se structurait la solidarité. (..) Il est temps de réinventer de nouvelles solidarités, de développer de nouvelles valeurs d’égalité et de justice »[4]. Il est bon de noter que Stéphane Gatignon est titulaire d’une maîtrise d’histoire de l’université Paris 13, laquelle a certainement mieux à faire que de marquer symboliquement sa  séparation des jeunes exclus de Seine Saint-Denis par une vaste clôture à l’efficacité douteuse.

En 1997 deux étudiants en thèse de l’université, d’origine marocaine, furent victimes d’un attentat aveugle perpétré par des fanatiques à la station de RER Port-Royal. Dans la journée nationale que nous avions organisée sur le thème de « La République et la Fraternité », nous disions : « Face à cet acte de barbarie, la meilleure arme dont on dispose est l’affirmation des valeurs qui nous lient, qui sont nées avec la République et dont l’université est un dépositaire naturel. Le mouvement de solidarité dépasse de beaucoup l’émotion d’un moment. Il est l’expression d’une réelle fraternité fondée sur des valeurs communes »[5]. Ce n’est pas une mince affaire que de définir et d’affirmer les principes communs qui permettent, au-delà des appartenances particulières, de vivre ensemble. L’idée républicaine porte la perspective d’une certaine unité, certes fragile, mais qu’il faut sans cesse refonder. La masse des laissés pour compte, que peuvent-ils entendre d’une République qui les méprise et les ignore ? De quelle fraternité peut-il être question ?

Dans cette perspective, parler de « clôture républicaine » est un « pêché contre l’esprit » !

 cloture republicaine

Illustration de G. Waysand

 


[1] Henri Guaino, conseiller du président de la République, ne peut pas intervenir dans les media sans prononcer un grand nombre de fois l’adjectif républicain.

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La recherche sur projets en questions

La Société Mathématique de France organise le 25 juin une table-ronde[1] sur le thème

 

Projeter de trouver : la recherche sur projets en questions

 

La création d’une Agence Nationale de la Recherche, aujourd’hui dotée de plus de 800 millions d’euros, a constitué un élément central de la réforme de la recherche française, avec ses corollaires : moindre importance relative du financement contractuel des laboratoires et repositionnement des organismes de recherche. On peut comprendre que les mathématiciens soient particulièrement interrogés par une démarche où les chercheurs doivent annoncer à l’avance ce qu’ils projettent de trouver. Mais les questions que l’on est conduit à se poser à ce propos intéressent toute la communauté scientifique. En prélude à la table-ronde, j’ai jugé utile de faire une liste de ces questions que je soumets à la réflexion de tous. J’ai déjà reçu quelques commentaires critiques que j’ai insérés sans attendre dans le questionnaire ci-dessous, à seule fin de lancer le débat… 

 

QUESTIONS GENERALES

Q : Que penser de la notion de projet de recherche à court terme, en général ?

Q : Que penser de la notion de projet de recherche en mathématiques, en mathématiques appliquées, dans les autres disciplines scientifiques ?

Commentaire 1 : « Les découvertes essentielles surviennent rarement dans le cadre de tels projets à court terme. Il suffit d’écouter les chercheurs les plus éminents raconter leurs découvertes. Plus simplement, la notion de projet renvoie à l’idée d’un objectif précis qu’on se propose d’atteindre par des voies que l’on anticipe, en se donnant un programme de travail relativement précis. Il existe une recherche amont pour laquelle la notion même de projet n’a pas de sens. La situation n’est sans doute pas la même pour les maths pures et les maths appliquées. En effet, un sujet de recherche en mathématiques appliquées peut partir d’un problème posé par une science ou une pratique externe. On a donc, au départ, un objectif précis ; mais il ne s’agit pas simplement d’appliquer des méthodes éprouvées pour l’atteindre. Beaucoup de maths appliquées (pour l’ingénierie, la finance…) sont issues de recherche plus en amont qui ont essaimé dans toutes les directions. En maths pures, on peut aussi vouloir s’attaquer à la solution d’une conjecture ; mais cela reste un projet incertain dans lequel il est difficile de prévoir ce que l’on va faire et ce que l’on va obtenir ».

Commentaire 2 : « Je crois que nous avons tous des projets à court terme, même s’ils s’insèrent éventuellement dans un programme à plus longue échéance. En ce qui me concerne, beaucoup de projets à court terme étaient terminés dès leur commencement, au sens ou j’avais (ou croyais avoir) toutes les idées pour leur réalisation. Je ne suis pas opposé à l’idée d’expliciter un projet pour obtenir un financement particulier. Cela limite l’originalité potentielle de la recherche à court terme : il n’est pas impossible qu’il soit plus « rentable » de donner une année sabbatique totalement vierge à un chercheur, de sorte qu’il puisse travailler à ce qui l’intéresse profondément, et éventuellement faire émerger des idées vraiment nouvelles ».

Q : Que penser des objectifs affichés par l’ANR pour le programme blanc ?

 Extrait de la programmation 2010 de l’ANR : « Sélectionner et financer des projets de recherche en rupture avec les itinéraires de recherche les plus classiques. Favoriser l’audace scientifique. Encourager l’interdisciplinarité. Favoriser le développement de thématiques émergentes, de percées disciplinaires, de nouveaux modèles, nouvelles méthodes, avancées théoriques. Inciter à la conception et à la réalisation de projets réellement interdisciplinaires, à la production de connaissances dont certaines sont potentiellement fécondes en termes d’innovation. Améliorer la position des projets français dans les programmes européens du PCRD, à l’ERC et dans les programmes internationaux. Comme les années précédentes seront accueillis au titre du programme « Blanc » 2010 tous les projets de recherche quel que soit leur domaine. Les projets peuvent aller de recherches purement fondamentales jusqu’à des recherches innovantes en partenariat avec des entreprises. Une attention particulière sera portée à nouveau en 2010 aux projets réellement interdisciplinaires ».

Commentaire : « Je ne suis pas opposé à l’existence d’une structure type ANR pour financer des projets hors-norme, qui auraient du mal à trouver leur place dans le dispositif existant. Cette structure ne devrait pas venir à la place du financement récurrent des laboratoires, mais en complément. Or ce n’est pas le cas: le financement récurrent est en forte baisse. Le résultat, c’est que des recherches à long terme, qui donnent des masses de résultats et de publications, qui sont essentielles et qui forment la base de la recherche actuelle sont obligées de se déguiser en projet en 3 ans pour obtenir des financements ANR. Comme ils sont excellents, et animés par des chercheurs du plus haut niveau, ils ont été acceptés en grand nombre, à juste titre. C’est une perte de temps pour tout le monde: de telles recherches devraient disposer d’un financement pérenne, et être évaluées régulièrement dans le cadre de leur laboratoire. L’ANR devrait être réservée à des projets atypiques, qui sont mal financés dans le cadre actuel; mais ces projets, qui sont forcément risqués, sont actuellement écrasés par les projets “standards”, dont il est clair que l’évaluation finale sera positive: la moitié des articles d’un tel projet sont probablement déjà écrits, voire soumis au moment de l’écriture du projet! »

Q : Est-ce que l’augmentation à 50% des programmes blancs de l’ANR va accroître, en mathématiques, le nombre de candidatures et le nombre de projets retenus ?

Q : Est-ce que le format des projets de recherche en groupe (de type ANR) est plus pertinent que le format des projets individuels (de type NSF grant) ? Y-a-t-il une véritable collaboration entre les membres d’un groupe de projet ?

Commentaire 1 : «La NSF finance deux types de projets : certains projets individuels ou mettant en jeu peu de chercheurs, sur la base d’un projet précis (sans blabla) ; des projets collectifs du genre « Séminaire New-yorkais de théorie des nombres » qui sont de la structuration».

 Commentaire 2 : «J’ai dû participer à 5 ou 6 projets ANR sans avoir guère modifié mon programme de recherche pour autant. Je n’ai presque jamais eu de collaboration spécifique avec un autre membre de mon ANR. Je n’ai pas trop de temps pour former des postdocs, et j’aime bien changer de collaborateur au gré des rencontres. Les financements ANR ont joué pour moi un rôle de bourse perso déguisée. Mais d’autres (que j’ai côtoyés) travaillent différemment et nouent des projets et de vraies collaborations»

Commentaire 3 : «Je suis convaincu que le format en groupe est meilleur que le format personnel genre NSF, et qu’il pousse à la collaboration ; c’est le côté positif des projets ANR. Dans mon expérience, ça forme vraiment des groupes de collaboration. Un projet purement personnel serait beaucoup plus “toxique”».


Questions sur le « bilan scientifique » des projets

 Q : Ces projets sont-ils « rentables » en termes de publications, de nouvelles avancées…? Y-a-t-il des résultats importants qui peuvent être associés à ces projets ?

 Commentaire : «Cela est très dur à quantifier. En termes de publications, oui, le progrès me semble important dans certains projets auxquels j’ai participé. Les « breakthroughs » ne viennent pas de ces projets. Mais le volume stimule la recherche, augmente le nombre de bonnes publications sur un sujet. Je crois que le progrès mathématique a besoin de tout : des articles fondateurs qui ouvrent la voie, mais aussi des bâtisseurs qui viennent derrière les explorateurs et nettoient le domaine. Parfois des bâtisseurs mettent à jour des problèmes avant que les « breakthroughs » ne se produisent».

Q : Y-a-t-il une accélération de la recherche sur la thématique d’un projet grâce à des financements plus importants ?

Commentaire 1 : «J’ai l’impression que les financements de l’ANR permettent de faire notre boulot (aller à des conférences facilement, payer des ordinateurs…) et pallient indirectement le sous-financement de nos laboratoires».

Commentaire 2 : «A mon avis, ce qui est fait dans ces projets serait fait de toute façon si les mêmes ressources étaient dépensées ; en ce sens l’ANR n’est pas très utile. Bien sûr, si on ne mettait aucun moyen, il n’y aurait pas grand chose de fait, donc l’argent ANR n’est pas perdu, mais pas plus efficace qu’un financement standard des labos».

Q : Est-ce que ces projets stimulent vraiment les interactions ? Les collaborations internationales ? Q : La sélection des membres des comités d’évaluation et le mode de fonctionnement de ces comités sont-ils satisfaisants ?

 

QUESTIONS AUX PORTEURS DE PROJETS ET AUX EVALUATEURS

 Q : Dans quel esprit les porteurs de projets formulent-ils et présentent-ils leurs projets ? Avec quelles contraintes formelles ? Quel est le degré de « conformisme » ?

Commentaire 1 : «Dans quelle mesure la formulation d’un projet est-elle l’expression d’une originalité, ou au contraire la présentation artificielle, dans l’air du temps, de ce qu’on sait déjà faire ? En d’autres termes, est-ce que le projet n’est pas souvent « bidon » ? On peut se poser la question quand on voit des gens participer à nombre de projets différents».

Commentaire 2 : «J’ai trouvé odieux – et épuisant – de devoir quasiment « inventer » une histoire pour demander l’argent permettant à des mathématiciens proches, qui discutent ensemble quand ils le peuvent, mais qui n’en ont pas trop le temps ni les moyens, de se rencontrer plus facilement».

Commentaire 3 : «Personnellement, j’ai pris un programme de recherche à long terme, j’en ai isolé deux morceaux auxquels j’ai donné une forme agréable à regarder, et j’ai soumis un projet dont j’avais déjà une bonne partie des résultats, ce qui permettra à une vingtaine de personnes de travailler dans des conditions raisonnables pendant trois ans».

Q : Est-ce que la conception d’un dossier de candidature ne représente pas une énergie et un temps excessifs ?

Commentaire 1 : « Les formulaires à remplir sont inutilement compliqués, et mal conçus car formatés de façon identique pour toutes les sciences, exactes, expérimentales ou appliquées. Si le projet est accepté, des conditions bureaucratiques très tatillonnes sont imposées pour utiliser l’argent » (Aucouturier et Leichtnam, in La Tribune du 25.03.10).
Commentaire 2 : «J
‘ai fait, très consciemment, mon projet ANR en une semaine, en “sabotant” tout ce qui n’était pas texte scientifique, et en me débrouillant pour “cocher toutes les bonnes cases”. Je suis parti de l’idée que l’acceptation ou non de ce projet ne dépendait que faiblement de sa perfection, et que l’essentiel était de participer, au meilleur rapport “qualité/prix”. Le résultat a parfaitement confirmé ma stratégie. Il ne faut pas trop se fatiguer pour ces projets dont les 3/4 servent d’excipient. Et les projets peuvent toujours être réemployés ailleurs, avec la Région, l’Université, le BQR, les demandes de bourses etc. J’ajoute que la plus grande partie du dossier ANR est inutile, en particulier les histoires de coût complet qui prendraient un temps fou si on tentait de le faire sérieusement».  

Q : Quelles sont les méthodes de travail du comité CSD5 de l’USAR ?

Q : Suivant quels principes et quelles modalités un projet est-il évalué par les experts dans la phase de sélection des projets ? Les comités d’experts ont-ils le temps et le loisir d’examiner sérieusement un projet ?

 

Commentaire 1 : « On demande à l’expert d’indiquer si, d’ici à quelques années, une idée nouvelle jaillira dans le cerveau des postulants pour accomplir la percée qu’ils espèrent. Un chercheur actif pourra rarement dédier plus de deux ou trois heures à la conception et à la rédaction de son rapport d’expertise. Quels que soient la compétence et le dévouement des experts, la fiabilité de l’évaluation n’est donc pas du tout assurée. Les conditions de sélection des dossiers sont extrêmement opaques, et les refus sont trop brièvement et insuffisamment justifiés. À la différence des agences et fondations anglo-saxonnes qui communiquent aux postulants l’intégralité des rapports d’expertise, l’ANR n’envoie qu’un résumé succinct et peu argumenté. (Aucouturier et Leichtnam, in La Tribune du 25.03.10) ».

Commentaire 2 : «Les experts sont contraints par une grille de lecture, un site web ridicule, une notation scolaire qui ne veut rien dire tant qu’on n’a pas de points de comparaison».

Commentaire 3 :  «En tant que participant au comité, j’ai trouvé que l’évaluation était raisonnablement sérieuse, mais que les contraintes nous forçaient à un choix aléatoire (on élimine 30% de projets médiocres, et ensuite il faut choisir parmi ce qui reste) ; comme il faut respecter un minimum d’équilibre on est vite amené à éliminer des projets valables mais qui tombent mal. Et les projets hors norme subissent une concurrence fatale de projets classiques mais de très haut niveau, et dont la rentabilité est certaine».

Q : L’évaluation positive d’un projet ne récompense-t-elle pas l’excellence des recherches passées plutôt que l’excellence du projet de recherche lui-même ?

Commentaire : «Il me semble que souvent l’évaluation du projet récompense l’excellence des recherches passées, ce qui est une bonne chose. Le système est alors un peu hypocrite, mais pourquoi pas ?»

Q :Comment les résultats sont-ils évalués ultérieurement ? Et le sont-ils réellement ?

Commentaire 1 : «Pour ce que j’ai entendu, c’est dramatique : 10 minutes à la chaîne, à l’autre bout de la France, à devoir présenter son projet (sans avoir le droit d’entrer dans les détails devant des non spécialistes)».

Commentaire 2 : «On ne devrait pas être tenu par ses promesses. Comme un politique : il peut promettre plein de choses ; ça montre qu’il a une vision ; après, sur le terrain, sa vision peut changer et il a le droit de revenir sur ses promesses (tant que c’est de bonne foi). Pour l’évaluation finale c’est le bilan dans l’absolu qui compte, pas forcément au regard des promesses».

Commentaire 3 : «Quand à l’évaluation, je sais ce qu’il en est, j’ai déjà donné: pour un projet précédent, il m’a fallu 3 mois de recherches pour trouver l’adresse à laquelle envoyer le rapport final de 200 pages que nous avions fabriqué; je n’ai jamais reçu d’accusé de réception de ce rapport, que personne n’a évidemment jamais lu. En réalité, la seule évaluation était comptable: il fallait prouver que j’avais effectivement dépensé tout l’argent attribué, pour pouvoir débloquer les 10% restants!»

QUESTIONS AUX DIRECTEURS DE LABOS

Q : Est-ce que les contrats ANR, attribués à des groupes ou à des individus, contribuent à affaiblir la structure de laboratoire ?

 

Commentaire 1 : «C’est une critique qu’on entend souvent dans les labos expérimentaux. En ce qui concerne les mathématiciens, ils ont eu du mal à dominer leur individualisme pour se structurer en labos. La recherche sur projets redonne de l’importance à cet individualisme».

Commentaire 2 : «Un effet visible des contrats ANR était la jalousie entre membres du labo. Est-ce que untel méritait vraiment d’avoir une si grosse ANR, alors que moi je suis au moins aussi fort ? Un deuxième effet visible était un gain en respectabilité face aux autres disciplines de l’établissement. Voir que tous les projets déposés par le labo étaient acceptés, cela a modifié le regard que les physiciens et les biologistes avaient sur nous. Un troisième effet a été un gain de flexibilité dans les opérations du labo».

Q : Est-ce que le fait d’avoir un projet ANR a rendu les gens plus productifs ? 

Q : Que penser du montant des contrats ANR ? Quelle part représentent-ils dans le financement total du labo ? A quoi servent ces crédits supplémentaires ?

Commentaire 1 : «Le point crucial est le financement des postdocs, très coûteux, pour lequel on n’a pas forcément de candidats. Il me semble que c’est la principale faiblesse du montage actuel : on voit des porteurs de projet chercher désespérément un postdoc pour remplir “en vrai” un projet qui était très séduisant sur le papier».

Commentaire 2 : «En SHS, ces crédits servent au recrutement de postdocs, mais aussi à financer les missions de terrain. C’est ce qui manquait le plus aux équipes».

Q : Comment financer les équipements et services collectifs si les crédits récurrents diminuent au profit des crédits contractuels ? Faut-il augmenter le préciput et en verser une partie aux labos ? Faut-il effectuer, sous une forme ou une autre, un prélèvement sur les crédits ANR des équipes ?

Q : Quel est le sort des contractuels engagés dans les projets ANR ?

 

 


[1] Les intervenants de la table ronde sont : François James, ancien coordinateur scientifique à l’USAR (unité support de l’ANR) ; Yves Lazslo directeur du Centre de mathématiques Laurent Schwartz (Ecole Polytechnique) ; Jean-Claude Saut, ancien président du Comité scientifique disciplinaire « Mathématiques et interactions » de l’USAR ; Jean-Marc Schlenker coordonnateur de projet ANR. Il y aura par ailleurs un grand témoin non mathématicien : Francis-André Wollman, directeur de l’Institut de biologie physico-chimique.



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