Archive for février, 2008

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Les universités dans le piège d’un système électoral absurde

Les universités françaises, aux prises avec un système électoral absurde, sont en pleine confusion. Nous avions été quelques uns à souligner dès le début les graves dangers du système électoral introduit par la loi dite « d’autonomie » (LRU) pour l’élection du Conseil d’Administration et du Président[1]. D’autres considéraient ces dispositions comme un détail, obsédés qu’ils étaient par les menaces qu’ils voyaient dans le principe même d’autonomie[2]. Quant aux présidents d’université qui ont été les seuls, avec l’UNEF, à négocier la LRU, ils n’ont pas su ou pas voulu faire modifier des règles électorales que beaucoup présentaient encore récemment comme « pas si graves ».

Or, même s’il est encore trop tôt pour tirer un bilan des élections qui se déroulent en ce moment, les premiers résultats montrent, à l’évidence, que dans beaucoup d’universités ce sera une catastrophe. La plupart d’entre elles seront passablement déstructurées par ce système et ainsi incapables d’assumer correctement leur « autonomie » (au moins dans l’immédiat).

Pour être tout à fait honnête, il faut dire qu’on a la conjonction d’une loi mal-fichue, de l’inquiétude engendrée par les réformes multiples et précipitées du système de recherche[3], et aussi, bien sûr, d’une communauté universitaire qui n’a pas fait sa révolution culturelle. Le SNESup en est sans doute l’exemple le plus caricatural. Mais son influence (assez paradoxale, vu sa sclérose et ses effectifs déclinants) correspond au fait que, nationalement, en face du discours gestionnaire, il n’y a qu’un discours protestataire de défense du statu quo.

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La bibliométrie dévoyée, contestée, mais valorisée

LA BIBLIOMETRIE DEVOYEE

A l’occasion de la récente campagne de contractualisation avec les universités, le CNRS a recommandé à ses unités mixtes de faire remplir à chaque chercheur ou enseignant-chercheur une fiche de renseignements bibliométriques[1]. Au-delà de son aspect « amateur » (on y mélange le Web of Knowledge et Google Scholar), cette opération est un peu « effrayante » par son intention implicite de mettre au poste de commande la technique bibliométrique dans ce qu’elle a de plus contestable. En effet la bibliométrie n’est pas bien adaptée aux évaluations individuelles, et l’on peut s’étonner notamment de l’importance donnée dans la fiche CNRS au « facteur h »[2]. Si l’on avait voulu démonétiser l’instrument bibliométrique, on ne s’y serait pas pris autrement. Il n’est pas surprenant, en tout cas, que certains laboratoires aient refusé de remplir le tableau !

Certains redoutent qu’il s’agisse d’une opération plus large visant à introduire le « tout bibliométrique » dans l’évaluation, y compris à l’AERES. Ce serait un comble quand on se souvient de la mise en garde de Jean-Marc Monteil, alors Directeur de l’Enseignement Supérieur, contre les conséquences du «productivisme scientifique»: « Une publication est désormais visible sur internet (et ainsi susceptible d’être citée) avant même d’être évaluée. Il serait donc paradoxal qu’au moment où l’on peut accéder à cette littérature grise, nos jeunes chercheurs soient formés à l’idée que c’est le facteur d’impact qui va faire d’eux des chercheurs. (..) S’il n’est pas question de rejeter la bibliométrie, le productivisme scientifique peut conduire à s’extraire de la logique du besoin de connaissance, et à entrer dans une logique quantitative et non qualitative »[3].

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